L'émeute a commencé dimanche soir à 21H30 locales (16H30 GMT) dans cette prison qui accueille 1.500 détenus à Vakhdat, une ville située 17 kilomètres à l'est de la capitale Douchanbé, a indiqué le ministère de la Justice du Tadjikistan dans un communiqué.
Selon celui-ci, les prisonniers ont d'abord poignardé à mort trois gardiens puis, "afin d'intimider les prisonniers", cinq autres détenus. Ils ont ensuite pris en otage d'autres détenus avant de mettre le feu aux installations médicales de la prison et "d'attaquer le personnel de l'établissement pour tenter de s'enfuir".
"A la suite d'une opération de représailles, 24 membres de ce groupe ont été tués et 35 autres arrêtés. Les otages ont été libérés", ajoute le communiqué, qui précise que l'opération est terminée et que le calme a été rétabli.
Parmi les meneurs de cette émeute, les autorités tadjikes ont identifié Bekhrouz Goulmourod, 20 ans, le fils de l'ancien chef des forces spéciales tadjikes devenu un cadre important de l'Etat islamique en Syrie, où il a été tué en septembre 2017.
Bekhrouz Goulmourod avait été condamné en juillet 2017 à 10 ans de prison pour avoir tenté de rejoindre les rangs de l'EI en Syrie.
- Deuxième émeute en six mois -
En novembre 2018, une autre émeute revendiquée par l'EI avait fait au moins 26 morts dans une prison de Khodjent, ville de 700.000 habitants située dans le nord-est de ce pays autoritaire. Elle avait été initié par un "ancien membre" de l'EI qui voulait provoquer une évasion massive, selon les autorités.
Le Tadjikistan, un pays laïc dont la population est majoritairement sunnite, fait de la lutte contre l'intégrisme religieux une priorité alors qu'une sanglante guerre civile entre le pouvoir pro-communiste et des rebelles islamistes avait fait plus de 100.000 morts entre 1992 et 1997.
Les autorités de ce pays voisin de l'Afghanistan estiment que plus de mille Tadjiks ont rejoint les jihadistes en Irak et en Syrie et le président, Emomali Rakhmon, a pris depuis 2015 des mesures radicales pour contrer l'influence des extrémistes, parmi lesquelles le rasage forcé des barbes et une campagne contre le port par les femmes du hijab.
Plus globalement, la montée de l'islamisme radical est un sujet d'inquiétude majeur des cinq pays d'Asie centrale, Tadjikistan, Kirghizstan, Kazakhstan, Turkménistan et Ouzbékistan.
Tous, sauf le Kirghizstan secoué par deux révolutions au cours des dix dernières années, sont dirigées par des dirigeants autoritaires faisant peu de cas des droits de l'homme.
Les sombres perspectives économiques et la corruption ont en outre poussé beaucoup de jeunes hommes à l'exil, notamment au Tadjikistan ou au Kirghizstan, privés de ressources naturelles.
Parmi eux, certains ont été tentés de rejoindre des groupes radicaux. Selon les services de sécurité russes, entre 2.000 et 4.000 ressortissants d'Asie centrale ont ainsi rejoint les rangs des organisations jihadistes en Irak et en Syrie, qu'il s'agisse de l'EI ou de la branche syrienne d'Al Qaïda.
Ces dernières années, plusieurs jihadistes originaires d'Ouzbékistan ont ainsi commis des attentats meurtriers à New York, Stockholm, Saint-Pétersbourg ou encore Istanbul.
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