Les avocats de Viviane et Pierre Lambert ont ainsi assuré dans la matinée qu'ils déposeraient lundi "de nouveaux recours" pour tenter de stopper l'interruption des traitements prévue à partir de lundi. Interrogé par l'AFP, Me Jérôme Triomphe, a simplement indiqué qu'il y en aurait "trois", sans préciser devant quelle juridiction.
Plus tard dans l'après-midi, devant l'hôpital Sébastopol de Reims où leur fils, 42 ans, est en soins depuis 2009 après son accident de la route en septembre 2008, ces fervents catholiques ont supplié les médecins de le maintenir en vie. "Vincent Lambert n'est pas en fin de vie, nourrissez Vincent Lambert", "La vie pour Vincent !", ont notamment scandé les quelque 100 à 150 personnes ayant pris part à ce rassemblement. "C'est une euthanasie déguisée", a insisté Mme Lambert, applaudie à son arrivée avec son mari.
Le médecin Vincent Sanchez, qui dirige le service des soins palliatifs et l'unité "cérébrolésés" de l'hôpital Sébastopol, est dans le viseur des parents. C'est lui qui leur a annoncé le 10 mai l'arrêt des traitements, fort des décisions du Conseil d'Etat et de la Cour européenne des droits de l'homme validant, dans ce cas précis, la notion d'"obstination déraisonnable" au maintien en vie.
En conséquence, une "plainte disciplinaire aux fins de radiation du docteur Sanchez ainsi que de poursuites pénales à son encontre" a été promise dimanche par les avocats des parents. A leurs yeux, "il s'évertue à violer les mesures provisoires" de maintien des soins exigées de nouveau vendredi de la France par un organisme de l'ONU, le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH), dans l'attente d'un examen du dossier par ses soins.
Mais la France répète que ces mesures conservatoires "sont dépourvues de caractère contraignant" et met en avant le "droit du patient à ne pas subir d'obstination déraisonnable".
Samedi, ces mêmes avocats ont donc imploré Emmanuel Macron de maintenir les traitements dans une lettre ouverte, qualifiant la mort programmée du patient de "crime d'Etat commis au prix d'un coup de force contre l'Etat de droit".
Bellamy soutient les parents
Ils ont reçu dimanche le soutien de François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, qui a estimé lors du grand jury RTL/Le Figaro/LCI qu'on "devrait écouter" le CDPH et qu'on "se laisse le temps".
"Des instituts spécialisés proposent d'accueillir Vincent Lambert (une requête constante des parents, NDLR), j'ai du mal à comprendre qu'on se précipite", a ajouté le responsable politique, considérant qu'Emmanuel Macron "devrait intervenir" et "donner son sentiment sur cette question fondamentale".
"Pourquoi cette précipitation pour le conduire vers la mort ?", s'était étonnée samedi la Conférence des évêques.
"Le président de la République ne veut pas aller à l'encontre de décisions de justice, il peut simplement donner sa grâce à un condamné, ce qui est très différent de ce que les parents de Vincent Lambert demandent", a réagi sur France 3 Nathalie Loiseau, tête de liste de la majorité à ces mêmes élections.
Père de la loi de 2016 régissant la fin de vie, Jean Leonetti, par ailleurs premier vice-président LR, est allé dans le même sens. "Le président de la République ne peut se substituer au pouvoir des tribunaux, aux décisions médicales", a-t-il dit sur Europe 1. Pour lui, l'arrêt des soins de Vincent Lambert s'inscrit bien "dans le cadre de la loi", estimant que cette décision est "d'autant plus douloureuse" pour les parents "qu'elle est tardive".
L'affaire Lambert, devenue le symbole du débat sur la fin de vie en France, déchire sa famille depuis six ans : d'un côté, les parents, un frère et une sœur s'opposent à l'arrêt des soins; de l'autre, son épouse Rachel, son neveu François et cinq frères et sœurs du patient dénoncent un "acharnement thérapeutique".
Le patient, ancien infirmier, n'a pas laissé de directives anticipées mais son épouse et son neveu affirment qu'il avait pris position contre tout acharnement thérapeutique.
rl-chd-jpa-laf/phc
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