La coalition formée par le Parti libéral et le Parti national a créé la surprise samedi en remportant des élections qui semblaient promises à l'opposition travailliste, après six années de gouvernement du centre-droit dans l'immense île-continent.
On ignore cependant toujours si la coalition aura la majorité absolue, ou si elle devra aller courtiser des élus indépendants.
Les dernières projections de la Commission électorale australienne, dimanche, indiquaient qu'il manquait cinq sièges à la coalition pour atteindre la barre des 76 nécessaires pour avoir la majorité absolue à la Chambre des représentants.
Les projections de la chaîne ABC donnent la coalition libérale-nationale à 74 sièges, alors que cinq circonscriptions n'ont pas rendu leur verdict.
La tâche de M. Morrison pourrait donc s'avérer compliquée car il se pourrait qu'il ait à demander le soutien des indépendants. Sachant qu'il marchera aussi sur des oeufs dans son propre camp puisqu'il ne pourra se permettre aucune défection dans la coalition.
"Le miracle de ScoMo", titrait en "une" le Herald Sun en citant le surnom du Premier ministre de 51 ans, que certains qualifiaient déjà de "légende".
Le président américain Donald Trump a salué la victoire de M. Morrison, les deux hommes s'engageant par téléphone à poursuivre "la coopération étroite", selon la Maison blanche.
Difficultés au pouvoir
Une chose est sûre, le Premier ministre, qui avait succédé l'été dernier à Malcolm Turnbull à l'issue d'un "putsch" interne à leur Parti libéral, va au devant de nombreuses difficultés en demeurant au pouvoir.
Les perspectives économiques pour l'Australie s'assombrissent, et M. Morrison devra trouver le moyen de financer un budget fondé sur des prévisions de croissance dépassées.
On ignore en outre ce que sera la politique du Premier ministre car il a finalement fait peu de promesses lors de sa campagne, à part celle de baisses d'impôts.
Donné perdant du scrutin par les instituts de sondage, il a passé la campagne, non pas à expliquer son projet, mais à dénoncer celui de son concurrent travailliste Bill Shorten.
Il se peut du reste que les Australiens aient voté contre M. Shorten, davantage que pour M. Morrison. L'analyse des motivations des électeurs est loin de faire consensus.
Les habitants de l'Etat du Queensland (nord-est) ont clairement dit leur soutien à un vaste projet minier qui est très fortement critiqué dans le reste du pays pour son impact environnemental et climatique.
Dimanche, les différents courants de la coalition au pouvoir s'écharpaient sur l'interprétation du vote. Certains réclamaient un assouplissement des textes encadrant l'exploration des ressources fossiles quand d'autres la pressaient de repenser son climatoscepticisme.
"Je dois vous dire que le réchauffement climatique est bien réel et que nous le considérons très sérieusement", a déclaré l'adjoint de M. Morrison, le ministre des Finances Josh Frydenberg.
A Sydney, l'ancien Premier ministre Tony Abbott - qui par le passé s'est illustré en qualifiant le réchauffement climatique de "connerie absolue" - a perdu le siège qu'il occupait depuis un quart de siècle.
Au sein de l'opposition travailliste, il n'a pas fallu attendre longtemps après la démission de M. Shorten, qui avait longtemps été ultra favori de l'élection, pour que des figures du Parti fassent part de leur volonté d'en prendre les commandes.
Les yeux se tournaient aussi dimanche en direction des instituts de sondage, qui vont devoir rendre des comptes tant ils ont été incapables de voir venir cette déroute du centre-gauche.
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