Selon une source médicale, ce protocole de fin de vie pourrait durer de deux à quatre jours et comprendre, outre l'arrêt des machines à hydrater et alimenter, une sédation "contrôlée, profonde et continue" de cet homme aujourd'hui âgé de 42 ans, ainsi qu'une prise d'analgésiques "par précaution".
Farouchement opposés à l'arrêt du traitement, les parents du patient appellent à un rassemblement devant l'hôpital Sébastopol dimanche dès 15 heures pour "supplier" les médecins "de continuer à nourrir et hydrater" leurs fils.
Cette famille est déchirée : d'un côté les parents, Viviane (73 ans) et Pierre (90 ans), fervents catholiques, ainsi qu'un frère et une soeur; de l'autre l'épouse de Vincent, Rachel, six frères et soeurs et son neveu François dénoncent un acharnement thérapeutique.
Depuis 2013 et un premier arrêt des soins, stoppé sur décision judiciaire, les parents ont multiplié les recours devant maintes juridictions. L'un des derniers en date, devant le Conseil d'Etat, s'est conclu en avril par un énième rejet, ouvrant la voie à un nouvel arrêt des soins... jusqu'à vendredi soir.
Les avocats des parents ont en effet brandi un document d'un organisme de l'ONU, le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH), demandant de nouveau à la France de ne pas suspendre les soins dans l'attente de l'examen du dossier sur le fond par ses soins. Mais la France répète que ces mesures conservatoires "sont dépourvues de caractère contraignant" et met en avant le "droit du patient à ne pas subir d'obstination déraisonnable".
Samedi, ces mêmes avocats ont encore imploré Emmanuel Macron de faire maintenir les traitements dans une lettre ouverte, qualifiant la mort programmée du patient de "crime d'Etat commis au prix d'un coup de force contre l'Etat de droit".
Aucune information ne filtre en tout cas sur le dispositif de sécurité concernant la mise en place de ce protocole toujours controversé.
Sollicité par l'AFP, le préfet de la Marne Denis Conus a fait savoir que "la préfecture est informée de la situation et ne souhaite pas communiquer". Seule certitude échappée des silences officiels : aucune entrée ne sera autorisée sur le site de Sébastopol, déjà soumis à des conditions d'accès draconiennes depuis que l'affaire Lambert a pris cette dimension.
"Je ne vois pas pourquoi il y aurait des débordements" devant l'hôpital, estime l'un des avocats des parents, Me Jean Paillot, alors que, du côté de la famille de Vincent Lambert favorable à l'arrêt des traitements, certains expriment la crainte de voir des gens s'enchaîner aux grilles de l'enceinte de l'hôpital ou, pire, tenter un enlèvement de Vincent Lambert.
La chose paraît cependant peu vraisemblable tant le service des soins palliatifs et de l'unité "cérébrolésés" que dirige le Dr Vincent Sanchez, qui a annoncé le 10 mai à la famille l'interruption des traitements, est en lui-même un bunker hermétique au sein du site Sébastopol.
Dans son livre "Ma vérité sur l'affaire Lambert" paru en 2015, le Pr Éric Kariger, l'ancien médecin de Vincent Lambert de 2009 à 2014, décrit ainsi les conditions d'hospitalisation de son patient.
"Le CHU installe une caméra à l'entrée de sa chambre, équipe sa porte d'une serrure capable de tracer les entrées et les sorties, perce un hublot dans sa porte de façon à pouvoir l'observer sans l'ouvrir. Des rondes sont organisées. Les visiteurs sont obligés de passer nous voir. Nous vérifions leur identité, conservons leur carte d'identité le temps de la visite".
"Rajouter du temps, c'est rajouter de la souffrance à Vincent Lambert, à sa famille, à l'équipe soignante" confie à l'AFP le Dr Kariger, toujours favorable à l'arrêt des traitements. Chrétien revendiqué, il s'étonne par ailleurs de la position récente de l'archevêque de Reims.
"Les spécialistes semblaient s'accorder sur le fait que M.Vincent Lambert, si dépendant soit-il depuis son accident, n'est pas en fin de vie. Tout en saluant l'engagement des équipes du CHU de Reims, on peut s'étonner que M.Lambert n'ait pas été transféré dans une unité spécialisée dans l'accompagnement des patients en état végétatif" écrivait l'homme d'Église dans un communiqué le 13 mai.
Une "Prière à Vincent Lambert" sera aussi proposée dimanche à la lecture dans toutes les églises du diocèse de Reims. Ses derniers mots : "Prions pour que notre société française ne s'engage pas sur la voie de l'euthanasie".
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