A une semaine du scrutin européen, la mission s'annonce délicate pour M. Salvini et sa principale alliée Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) en France, qui souhaitent réussir l'alliance de douze partis nationalistes et identitaires, dont les positions divergent pourtant sur de nombreux points comme la discipline budgétaire ou la répartition des migrants déjà présents dans l'UE.
Leur objectif est de faire du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), où siègent déjà la Ligue, le RN, le FPÖ autrichien ou le Vlaams Belang flamand, la troisième force du Parlement européen, une place que convoitent aussi les libéraux de l'ALDE, où pourraient siéger les élus français rangés derrière le président Emmanuel Macron.
Matteo Salvini, qui est aussi vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur italien, a multiplié ces dernières semaines les réunions électorales, appelant sans relâche ses électeurs à la mobilisation.
"Donnez-nous un coup de main pour devenir le premier parti en Europe, pour reprendre les clés de notre maison. Les élections européennes sont un référendum entre la vie et la mort, entre le passé et l'avenir, entre une Europe libre et un Etat islamique basé sur la peur", a-t-il lancé, qualifiant par avance les abstentionnistes de "complices des Merkel, Macron et Soros".
"L'Europe n'est forte que de nations fortes", a renchéri Mme Le Pen, qui prône comme M. Salvini une "Europe des nations et des coopérations" au lieu d'une Union européenne fédéraliste.
"Irréalisable"
Pour leur apporter leur soutien, des milliers de partisans de la Ligue sont attendus samedi pour un cortège devant rallier la place du Duomo, la célèbre cathédrale de Milan, devant laquelle les leaders souverainistes européens, M. Salvini, Mme Le Pen mais aussi Geert Wilders, chef du PVV néerlandais, prendront la parole à partir de 14H30 GMT.
Si le quotidien italien La Repubblica estime que M. Salvini devrait obtenir un bon score, il s'interrogeait toutefois vendredi sur ce qu'il compte faire de ses futurs sièges au Parlement de Strasbourg, jugeant "irréalisable" l'idée de marquer "du sceau de la cohésion internationale le groupe des souverainetés nationales".
"Les premiers à claquer la porte au nez de M. Salvini ont été justement ceux que le leader de la Ligue considère comme ses interlocuteurs: la droite autrichienne, bavaroise, finlandaise", explique le journal.
Les divergences sont en effet nombreuses comme, par exemple, sur le rapport à entretenir avec la Russie, Mme Le Pen et M. Salvini étant proches de Moscou alors que les partis nationalistes des anciens pays communistes y sont allergiques.
Pour Sven Giegold, une des deux têtes de liste des Verts allemands, une alliance entre Matteo Salvini et George Meuthen, un dirigeant de l'AfD allemande également présent à Milan, est "totalement impossible".
"Salvini veut, par exemple, une redistribution des réfugiés en Europe, Meuthen ne veut accueillir aucun réfugié. En outre, Meuthen ne veut pas donner un seul centime à l'Europe du Sud", a expliqué M. Giegold à l'agence AGI.
Deux grands absents
Des divergences que M. Salvini reconnaît mezza voce, tout en les minimisant. "Je pense que les nouveaux chiffres du Parlement européen et les nouveaux équilibres dans la Commission permettront de changer les règles qui étranglent l'économie", a-t-il dit vendredi, en plaidant pour davantage de flexibilité budgétaire.
La Ligue est créditée, selon les récents sondages, de 26 eurodéputés, soit 20 de plus qu'actuellement, le RN passant à 20 élus (+5) et l'AfD à 11 (+10).
D'autres partis, plus petits et dont certains ne sont pas sûrs d'obtenir des sièges, comme le bulgare Volya où le slovaque Sme Rodina crédité d'un élu, feront aussi le déplacement dans la capitale lombarde, qui accueillera le même jour une manifestation antifasciste.
Mais brilleront par leur absence le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban, qui a promis à M. Salvini d'engager une "coopération" après les élections mais refuse toute alliance avec Mme Le Pen, ainsi que le PiS polonais, en dépit d'un déplacement de M. Salvini à Varsovie en janvier.
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