Le géant français de l'homéopathie, dont le chiffre d'affaires dépend à 60% du marché français, a précisé dans un communiqué que la cotation de son titre reprendrait lundi à l'ouverture de la Bourse de Paris.
Le groupe avait suspendu sa cotation jeudi après-midi, en invoquant une fuite dans la presse des conclusions de l'avis de la HAS, lequel était censé rester confidentiel.
Dans leur communiqué vendredi soir, les laboratoires Boiron rappellent avoir reçu ce premier avis de la commission de la transparence de la HAS "jeudi en fin de journée, soit bien après sa fuite dans un média".
"La diffusion par la presse de ce premier avis, censé être confidentiel, cause un réel préjudice aux salariés, clients et actionnaires du groupe", affirme Boiron, qui précise qu'un "éventuel déremboursement menacerait un millier d'emplois" sur les 2.500 collaborateurs que compte l'entreprise en France.
"Dans ce premier avis, la commission de la transparence émet une recommandation défavorable au maintien de la prise en charge par l'Assurance-maladie des médicaments homéopathiques", affirme l'entreprise, dont le siège est à Messimy, près de Lyon.
"Rationnel scientifique"
Controversée au sein du corps médical, l'homéopathie consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale en vue de soigner certaines affections.
Certains médicaments sont remboursés à 30%, bien que leur efficacité n'ait pas été évaluée scientifiquement. En 2017, le remboursement de l'homéopathie a représenté 129,6 millions d'euros sur un total de 19,9 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon l'Assurance maladie.
La polémique avait été relancée en mars 2018 avec la parution dans Le Figaro d'une tribune au vitriol contre l'homéopathie et d'autres "médecines alternatives" signée par un collectif de 124 médecins. Le ministère de la Santé avait ensuite saisi la HAS pour connaître son avis "quant au bien-fondé" du remboursement.
"Je ne cherche ni à dérembourser, ni à rembourser. Soit un médicament est utile et permet d'avoir un bénéfice clinique, soit il n'apporte rien et dans ce cas-là il n'a pas de raison d'être financé par la collectivité", soulignait la ministre Agnès Buzyn, fin mars lors d'un entretien avec l'AFP.
"J'ai souhaité remettre le rationnel scientifique au centre du débat. Ça ne veut pas dire que cela suffise toujours à prendre une décision politique, mais au moins, j'ai réaffirmé qu'on ne pouvait pas faire sans", avait-elle ajouté.
Depuis que la polémique a enflé, le cours de l'action de Boiron a dégringolé de plus de 25% à la Bourse de Paris, passant de 57 euros mi-mars à 42 euros jeudi.
Fin avril, Boiron avait annoncé avoir subi une chute de 10,1% de ses ventes au premier trimestre, principalement en raison d'un déclin en France.
Vendredi, le maire de Lyon Gérard Collomb et le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, ont écrit respectivement à Emmanuel Macron et Edouard Philippe pour défendre la cause du groupe.
"stratégie thérapeutique"
D'autres laboratoires sont concernés par un éventuel déremboursement: Lehning et Weleda. Avec Boiron, ils pourront faire valoir leurs arguments durant une "phase contradictoire".
En effet, explique Boiron, "la procédure d'évaluation en cours prévoit qu'après réception de ce premier avis, les laboratoires Boiron disposent de dix jours pour transmettre des commentaires écrits ou pour demander une audition auprès de la HAS".
Enfin, souligne le laboratoire, "à l'issue de cette procédure, la HAS rendra un avis définitif qui sera transmis à la ministre des Solidarités et de la santé pour décision".
L'évaluation porte sur 1.200 médicaments homéopathiques, "en prenant en compte leur efficacité et leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique, la gravité des affections auxquelles ils sont destinés et leur intérêt pour la santé publique", avait précisé la HAS en mars.
Le 28 mars, les Académies de médecine et de pharmacie avaient jugé que l'homéopathie ne devait pas continuer à être remboursée.
L'homéopathie est appréciée des Français: 72% "croient en ses bienfaits", selon un sondage Odoxa (Baromètre santé 360) publié en janvier.
Face à la crainte d'un déremboursement, les pro-homéopathie (laboratoires et professionnels) ont lancé début avril une riposte médiatique, avec une pétition qui revendique pour l'instant 380.000 signatures.
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