"J'ai confiance en nous, dans nos syndiqués, pour nous déployer en vue des nombreuses élections dans les entreprises (...) pour que nous regagnions notre première place", a-t-il déclaré, dans son discours de clôture offensif.
Invitant les militant à travailler à "une CGT plus ouverte, qui va à la rencontre des salariés", il a demandé de "planter un drapeau" dans les entreprises où elle n'est pas encore présente.
Après une semaine où a percé un certain malaise chez les cégétistes, avec des critiques sur la stratégie du secrétaire général, il a invité les "camarades" à "éviter les polémiques stériles entre nous".
Philippe Martinez, qui a recueilli 90,65%, a eu droit à une ovation debout, tranchant avec les applaudissements mesurés de son discours d'ouverture, lundi. Au dernier congrès à Marseille, au lendemain du scandale sur le train de vie de l'ex-dirigeant Thierry Lepaon, il avait été élu à 95,4%.
Répondant à des critiques de militants qui ont appelé à une convergence avec les "gilets jaunes", il s'est défendu d'être "mal à l'aise" ou d'avoir "peur de discuter" avec ce mouvement. Il devait d'ailleurs en rencontrer en Côte-d'Or vendredi, "pour savoir comment nous mobiliser".
"Faisons-le ensemble le samedi, mais aussi, et j'insiste, la semaine. Faisons-le sans cacher nos propositions, mais faisons-le car nous avons un +gilet rouge+ et soyons fiers de le porter", a-t-il lancé.
L'ambiguïté du numéro un de la CGT sur ce mouvement spontané, protéiforme, sans leader et propulsé grâce aux réseaux sociaux - et qui a obtenu des concessions du gouvernement - a crispé des adhérents.
"Ces occupations de ronds-points nous ramènent à nos responsabilités face à ces invisibles, éloignés des partis politiques et des syndicats", avait lancé une syndicaliste francilienne cette semaine.
"Panier percé"
La rétrogradation fin 2018 de la CGT à la deuxième place, derrière la CFDT, a aussi pesé sur le congrès, tout comme le fait que ces dernières années grèves et manifestations n'ont pas entraîné le retrait de réformes décriées, comme la loi travail, les ordonnances Macron, les réformes de la SNCF ou de la fonction publique.
"Un bilan assez difficile", résume David Guerret (Santé, Franche-Comté), estimant que la "question de la restructuration de la CGT se pose réellement", ce qu'a approuvé le secrétaire général.
Au sein de la CGT, des syndicats minoritaires, porteurs d'un contre-projet, avaient estimé d'entrée que Philippe Martinez n'était pas suffisamment "contestataire".
Outre la stratégie, certains militants ont reproché à leur direction un manque d'enthousiasme.
"On n'aborde pas un congrès en disant qu'on est un panier percé et que les trous s'agrandissent!", a lancé une militante en référence aux propos de Philippe Martinez sur les pertes d'adhérents de la CGT. "Il faut jouer la gagne!", a-t-elle ajouté.
En ouvrant et clôturant le congrès, Philippe Martinez a en effet insisté sur le fait que la CGT devait "donner plus de place" aux jeunes, aux femmes, aux précaires, mais aussi aux auto-entrepreneurs et travailleurs des plateformes. En un mot, à une partie de ceux qui ont endossé des gilets jaunes ces derniers mois...
Certains militants ont aussi pressé la CGT de s'opposer ouvertement à la réforme des retraites, tout en se prononçant "clairement" pour le maintien du système actuel et des régimes spéciaux. Là aussi, Philippe Martinez a répondu favorablement vendredi.
Le seul véritable moment de tension a eu lieu en milieu de semaine à l'occasion du vote, dans la confusion, d'un amendement sur le syndicalisme européen, et surtout contre l'avis de la direction.
A été voté le principe que la CGT puisse échanger non seulement avec les organisations affiliées à la Confédération européenne des syndicats (CES) mais aussi avec celles de la Fédération syndicale mondiale (FSM), classée très à gauche et que la CGT a quittée en 1995. Laurent Berger (CFDT) doit prochainement prendre la tête de la CES et son nom n'a pas manqué d'être sifflé au cours de la semaine.
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