Selon les chiffres provisoires de l'Insee publiés jeudi, ce taux, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), a reculé de 0,1 point à 8,7% de la population active pour la France entière (hors Mayotte).
Pour la seule métropole, le taux baisse également de 0,1 point et s'établit à 8,4%, ce qui représente 2,4 millions de chômeurs et 19.000 de moins sur un trimestre.
"La baisse se poursuit. Nos réformes ont des effets", s'est félicitée sur Twitter la ministre du Travail Muriel Pénicaud.
Cette baisse est cependant moins forte que celle du trimestre précédent, 0,3 point et 90.000 chômeurs.
"C'est une toute petite baisse, on est dans l'épaisseur du trait", commente Eric Heyer, économiste à l'OFCE, soulignant que le taux d'emploi (la proportion des 15-64 ans qui travaillent) est resté stable.
"On s'attendait à un chiffre un peu meilleur au regard des créations d'emplois (+66.400 au premier trimestre)", a-t-il jugé.
Sur un an, le taux baisse de 0,5 point.
"On reste sur une tendance de légère baisse", juge M. Heyer, qui estime difficile de faire mieux du fait "d'une activité mollassonne".
"On est sur un rythme de croissance de 1,4-1,5% alors que le taux de croissance qui stabilise le chômage est autour de 1,2-1,3%", souligne-t-il.
Sur France info, Edouard Philippe a expliqué cette moindre baisse par "un niveau de croissance dans l'Union européenne plutôt plus faible qu'il y a un an ou deux" et à des "éléments d'incertitude" comme "les guerres commerciales".
Meilleure qualité de l'emploi créé
A défaut de baisse spectaculaire, "les indicateurs de qualité de l'emploi vont cependant dans le bon sens. On crée plutôt des temps complets et des CDI", souligne M. Heyer.
La part du sous-emploi, c'est-à-dire les personnes en temps partiel qui souhaitent travailler davantage, est en recul, tout comme "le halo du chômage", ces personnes qui souhaitent travailler mais ne cherchent pas activement ou ne sont pas disponibles.
A ce rythme, et sans perspective de croissance plus forte, l'objectif de 7% en 2022 semble ambitieux. Edouard Philippe n'y a pas fait référence jeudi, citant plutôt "l'objectif de plein emploi" évoqué récemment par Emmanuel Macron pour 2025.
Du fait du vieillissement, le gouvernement va cependant bénéficier d'une moindre progression de la population active, de +150.000 par an entre 2005 et 2015 à +60.000 entre 2015 et 2025 selon l'Insee. Une projection faite cependant en l'absence de réforme des retraites.
Pour s'attaquer au noyau dur du chômage (jeunes non qualifiés, seniors, chômeurs de longue durée) et répondre aux difficultés de recrutement des entreprises, l'exécutif compte aussi sur l'effet de sa réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage.
La ministre du Travail a fini de signer les pactes régionaux du plan d'investissement dans les compétences (PIC), destinés à former un million de jeunes décrocheurs et un million de demandeurs d'emploi.
Autre réforme sur laquelle l'exécutif attend "des effets de comportement", celle de l'assurance chômage prévue en juin.
L'exécutif entretient une petite musique, vivement contestée par les syndicats, selon laquelle certains chômeurs ont intérêt à ne pas chercher un CDI du fait des règles actuelles.
"Je veux qu'on incite les Français à retourner vers l'emploi", a répété M. Philippe, évoquant des "questions d'appétence".
Les syndicats redoutent que les économies voulues par l'exécutif (plus d'un milliard par an) se fassent "sur le dos des chômeurs", notamment par une réforme du calcul d'indemnisation et des règles de cumul emploi-chômage.
L'exécutif veut également réduire les indemnités des cadres au chômage (à l'exception des plus de 50 ans), ce qui pourrait passer par une baisse du plafond des allocations combinée à l'introduction d'une dégressivité.
Enfin, pour inciter les entreprises à réduire leur recours aux contrats précaires, l'exécutif prévoit la mise en place d'un bonus-malus sur les cotisations patronales, calculé sur le taux de rupture de contrats donnant lieu à inscription à Pôle emploi.
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