"British Steel tiendra ses engagements, l'Etat français tiendra ses engagements vis-à-vis d'Ascoval et la reprise d'Ascoval par British Steel se fera", a déclaré mercredi le ministre de l'Economie à l'Assemblée nationale, cherchant à "rassurer" les salariés, les représentants syndicaux, les élus locaux et les "clients qui hésitent à passer commande".
Bruno Le Maire a indiqué qu'il avait "décidé (mercredi) le déblocage des 15 millions d'euros de prêt pour Ascoval" tout comme "British Steel a débloqué (mercredi) les 5 millions d'euros qu'il s'était engagé à débloquer également".
Il répondait au député PCF du Nord, Fabien Roussel, qui l'exhortait à "rassurer une bonne fois pour toutes" les salariés après "cinq ans d'angoisse, de colère et de combat".
De fait, depuis 24 heures, l'inquiétude et la colère ont gagné -une énième fois- l'usine proche de Valenciennes après que British Steel a annoncé mener des discussions afin d'obtenir un soutien financier -la presse britannique évoquant même le risque d'une faillite- tout en promettant de mener à bien la reprise de l'aciérie qui tourne au ralenti depuis des mois.
Des révélations qui ont découragé une fois de plus les salariés, à la veille de la prise en jouissance du site par le groupe britannique, qui avait jusqu'à mercredi soir pour finaliser le processus de reprise.
Le 2 mai, le tribunal de grande instance de Strasbourg avait en effet attribué la reprise de l'usine en redressement judiciaire au groupe britannique -avec une reprise effective deux semaines plus tard, soit ce mercredi- un choix que les quelque 270 salariés avaient accueilli avec soulagement mais aussi prudence.
"On se pose des questions"
"L'annonce de Bruno Le Maire, c'est rassurant, mais on va attendre que ça arrive sur le compte, qu'il soit soldé avec ces 20 millions", a réagi auprès de l'AFP Nacim Bardi, délégué CGT. "On est prudent. On se pose des questions quand même. On n'a même pas eu le temps de redémarrer que, déjà, il y a une polémique".
Depuis deux semaines, six nouveaux salariés ont déposé un préavis de démission, d'autres seraient "en dépression", selon les syndicats.
"Les salariés ne supportent plus l'attente, la pression. Certains ont pris à partie la direction ce matin (dans les locaux), il y a eu une belle hausse de ton, on va dire", a rapporté à l'AFP Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale et représentant CFDT.
Mardi soir, British Steel avait indiqué "poursuivre des discussions à propos d'un nouveau soutien financier pour aider le groupe à répondre aux problèmes liés au Brexit tout en continuant ses projets d'investissement".
Il rappelait avoir déjà dû faire appel à l'aide du gouvernement britannique le mois dernier pour payer auprès de Bruxelles une facture liée aux émissions de CO2.
En Grande-Bretagne, le groupe met ses difficultés sur le compte du Brexit, dont les incertitudes "représentent un défi pour l'ensemble des entreprises dont British Steel".
Selon le Financial Times mercredi, le gouvernement britannique pourrait mettre sur pied un plan de sauvetage du groupe dans les prochains jours.
"C'est trop important pour ne pas intervenir. C'est une entreprise avec des marges très faibles et les clients de l'UE deviennent nerveux", selon une source au courant des projets du ministère de l'Economie.
De son côté, le syndicat GMB a appelé le gouvernement à accorder au plus vite le prêt réclamé par British Steel. "Des milliers d'emplois britanniques sont en jeu, sans parler de l'avenir de notre industrie sidérurgique", a déclaré Ross Murdoch, son responsable national.
Une faillite de British Steel menacerait ses 5.000 employés et mettrait un coup d'arrêt à son développement en Europe.
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