Alors qu'une mission parlementaire a été lancée pour évaluer l'effet "économique, budgétaire et social" des manifestations, voilà ce que l'on sait de l'impact de cette crise inédite sur l'activité.
Croissance
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a estimé le coût économique des blocages et manifestations à 0,2 point de croissance, soit quatre milliards d'euros, répartis sur 2018 et 2019. Un impact qu'il a jugé "sévère".
Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee a estimé que le mouvement avait fait perdre 0,1 point de croissance à l'Hexagone au cours du seul dernier trimestre, soit un impact équivalent à celui de la grève de la SNCF durant le deuxième trimestre 2018.
"Si les effets de ces mouvements ont pu être sévères dans certaines zones et pour certaines entreprises, leur impact global apparaît relativement modéré", et "sans conteste plus faible que son retentissement politique et médiatique", a souligné l'organisme public.
La crise des "gilets jaunes", de façon paradoxale, devrait par ailleurs avoir à moyen terme des effets positifs sur la croissance, les mesures d'urgence votées sous la pression des manifestants ayant dopé le pouvoir d'achat.
En 2019, 10 milliards d'euros vont ainsi être rendus aux ménages tricolores, notamment via la hausse de la prime d'activité - de quoi améliorer le taux de croissance de la France de 0,3 point de PIB, selon l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Et cette dynamique devrait se poursuivre en 2020, l'exécutif ayant annoncé 7 milliards d'euros de mesures supplémentaires, dont 5 milliards de baisses d'impôts, à l'issue du grand débat.
Emploi
Selon la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher, 70.000 personnes ont été touchées par des mesures de chômage partiel, principalement dans le commerce et la distribution. L'impact pour les finances publiques est chiffré à 38 millions d'euros.
Le mouvement des "gilets jaunes" n'a toutefois pas empêché le chômage de poursuivre sa décrue au cours des derniers mois. Le nombre de demandeurs d'emploi a ainsi reculé de 1,1% au dernier trimestre 2018, et de 0,7% au premier trimestre 2019.
Commerces
Magasins fermés ou bien vandalisés, accès aux supermarchés bloqués: les manifestations des "gilets jaunes" ont fortement touché au début du mouvement l'activité commerciale, d'abord dans les zones périurbaines puis dans les centres-villes, et notamment à Paris.
A Noël, la Fédération du commerce de détail (FCD) avait ainsi estimé le manque à gagner à deux milliards d'euros.
Malgré des pertes sèches importantes (évaluées à 45 millions par Fnac Darty, 20 millions pour le groupe textile Vivarte, 35 millions pour Auchan), les grands distributeurs ont réussi à limiter les dégâts sur leur chiffre d'affaires trimestriel, notamment grâce à un calendrier favorable et, pour certains, un rattrapage sur le secteur alimentaire.
Depuis le début d'année, les conséquences des manifestations sur leur activité tendent par ailleurs à s'effacer, Casino ayant ainsi annoncé une légère reprise en avril de ses ventes en France (+0,9% après un repli de 3,3% au premier trimestre).
Tourisme
Selon l'Insee, l'impact des manifestations s'est fait nettement sentir sur le secteur touristique à partir du mois de décembre: la fréquentation hôtelière a reculé de 1,1% ce mois-là sur l'ensemble du territoire, et de 5,3% à Paris.
Cette tendance, qui n'a pas empêché une année record en France en 2018, avec 438,2 millions de nuitées enregistrées, s'est poursuivie lors du premier trimestre 2019, avec une baisse de 2,5% de la fréquentation hôtelière.
En termes géographiques, la baisse des nuitées a été plus nette en Ile-de-France (−4,6 %), souligne l'Insee.
Les arrivées aériennes internationales à Paris accusent un recul de 7,6% en cumul de janvier à avril, mais seulement de -1,4% pour le mois d'avril, selon Atout France. A fin avril, les réservations de vols pour la période de mai à juillet sont en repli de 3% par rapport à la même période l'an dernier.
"L'impact de novembre et décembre s'est fait sentir jusqu'au premier trimestre: on a vu une baisse des arrivées de clientèle étrangère, particulièrement sur Paris. En revanche il y a une reprise en avril, la situation s'est rétablie, et en mai la tendance est bonne aussi", commente Jean-Marc Banquet d'Orx, président pour l'IDF de l'Umih, principale fédération hôtelière.
Assurance
Selon la dernière estimation publiée par la Fédération française de l'assurance (FFA), les actes de vandalisme commis en marge des manifestations ont coûté près de 200 millions d'euros aux assureurs.
La quasi totalité de cette somme, soit 175 millions d'euros, a été versée aux entreprises pour indemniser les dégradations et les pertes d'exploitations subies. Les 25 millions d'euros restants ont été consacrés à l'indemnisation de voitures et d'habitations.
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