Washington a fait monter la pression sur Téhéran ces derniers jours et renforcé sa présence militaire dans le Golfe, faisant état de menaces "inquiétantes" et de "signaux clairs" de préparatifs iraniens d'attaques contre des intérêts américains dans la région.
Dans une alerte de sécurité postée sur son site, le département d'Etat explique avoir donné l'ordre de partir au personnel américain gouvernemental non essentiel de l'ambassade à Bagdad ainsi que du consulat à Erbil.
"Les services habituels de visa dans les deux postes sont temporairement suspendus", ajoute l'avis. "Le gouvernement américain a une capacité limitée pour fournir des services d'urgence aux citoyens américains en Irak", précise-t-il.
Le département d'Etat prévient également dans un avis déconseillant aux voyageurs de se rendre en Irak que "de nombreux groupes terroristes et rebelles sont actifs en Irak et attaquent régulièrement les forces de sécurité irakienne comme les civils". "Des milices confessionnelles anti-américaines peuvent également menacer les citoyens américains et les compagnies occidentales dans tout l'Irak".
Si le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a assuré la veille à Moscou que les Etats-Unis "ne cherchent pas une guerre avec l'Iran", le Kremlin s'est dit mercredi inquiet de cette "escalade des tensions", a fait savoir son porte-parole Dmitri Peskov, qui a accusé les Etats-Unis de "provoquer" l'Iran.
La semaine dernière, M. Pompeo a effectué une visite surprise à Bagdad, après avoir annulé en dernière minute une visite prévue à Berlin au motif de "questions urgentes à régler".
"La raison pour laquelle nous allons" à Bagdad "ce sont les informations qui indiquent une escalade des activités de l'Iran", a dit Mike Pompeo, qui a rencontré le Premier ministre Adel Abdel Mahdi et le président Barham Saleh.
"Pas d'aggravation de la menace"
Au terme de sa visite, il a déclaré avoir reçu "l'assurance" des dirigeants irakiens qu'ils "comprenaient que c'était leur responsabilité" de "protéger de manière adéquate les Américains dans leur pays".
La semaine dernière, le Pentagone a annoncé l'envoi dans la région d'un navire de guerre et d'une batterie de missiles Patriot, s'ajoutant au déploiement du porte-avions USS Abraham Lincoln et de bombardiers B-52.
Il a justifié ce déploiement par des "signaux clairs montrant que les forces iraniennes et leurs affidés font des préparatifs à une attaque possible contre les forces américaines".
Un porte-parole britannique de la coalition internationale en Irak et Syrie a toutefois démenti tout changement de posture iranienne, plongeant le Pentagone dans l'embarras.
"Il n'y a pas d'aggravation de la menace posée par les forces pro-iraniennes en Irak et en Syrie", a déclaré le général Chris Ghika.
Ces propos "contredisent les menaces crédibles reçues des services de renseignement américains et alliés concernant les forces pro-iraniennes dans la région", a rétorqué une porte-parole du Pentagone dans un communiqué.
Selon le New York Times, le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, a présenté à des conseillers de M. Trump un plan selon lequel jusqu'à 120.000 hommes pourraient être envoyés au Moyen-Orient si l'Iran attaquait des forces américaines.
Autres sources de tensions, de mystérieux "actes de sabotage" de quatre navires au large des Emirats arabes unis et une attague de drones contre des stations de pompage de pétrole en Arabie saoudite qui a été revendiquées par les Houthis, soutenus par Téhéran.
Cette menace contre les intérêts saoudiens, premiers exportateurs mondiaux de pétrole, n'a à ce stade eu qu'un impact limité sur le cours du brut, le prix du baril reculant mercredi.
Le guide suprême de la République islamique d'Iran, Ali Khamenei, a de son côté assuré lundi qu'"il n'y aurait pas de guerre" avec les Etats-Unis, selon son site internet, expliquant l'épreuve de force actuelle par une manière de tester la détermination de chacun: "ni nous, ni eux, ne cherchons la guerre, ils savent qu'elle ne serait pas dans leur intérêt".
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