. Insurrection
La contestation qui bouillait depuis des mois a fini par déborder. Les supporters ont clamé leur ras-le-bol, contre le président Jacques-Henri Eyraud et l'entraîneur Rudi Garcia, mais aussi contre les joueurs. Le match s'est fini sur des scènes d'insurrection, dans les gaz lacrymogènes.
La sécurité du stade n'a laissé sortir les joueurs et les VIP qu'une heure et demie après le coup de sifflet final, dimanche soir, le temps pour les CRS de ramener l'ordre sur le parvis du Vélodrome. Ils ont procédé à dix interpellations en tout, a précisé lundi matin la préfecture.
Caricaturé en "Bidon project" ou "Fiasco project" par les banderoles des supporters, le programme du propriétaire américain Frank McCourt subit un net coup d'arrêt.
"Et dire que nous allons augmenter les tarifs (pas en virage, ndlr)", soupire un responsable de la billetterie de l'OM, qui redoute le lancement de la nouvelle campagne d'abonnements, début juin.
Le président lyonnais Jean-Michel Aulas s'est autorisé une petite leçon, du haut de ses 32 ans d'expérience à la tête de l'OL, après avoir raconté qu'"Eyraud était catastrophé". "Il arrive dans un football très complexe et dans le club sans doute le plus complexe à gérer."
. "Démission!"
"Le projet n'est pas mort", tempère Laurent Paganelli, consultant de Canal Plus. L'Avignonnais a couvert beaucoup de matches de l'OM cette saison, et les chants de "démission" contre "JHE" et Garcia résonnent depuis longtemps au Vélodrome.
"Mais il va falloir réagir vite, poursuit +Paga+ pour l'AFP, parce qu'on ne construit pas en cinq minutes, il faudra bien expliquer les choix et prendre les bonnes personnes aux postes clefs".
Que Garcia puisse "rester, ça me semble difficile, car le public est trop mécontent", poursuit l'ex-joueur, qui cite "le cas Génésio à Lyon, qui part alors qu'il a fait une très bonne saison. On sent que le pouvoir des supporters est devenu important".
L'ancien coach de l'AS Rome, prolongé en octobre, a encore deux ans de contrat, mais il pourrait être le seul à sauter dans le triumvirat. Eyraud va rester, et le directeur sportif Andoni Zubizarreta pourrait également préparer la reconstruction.
"Nous avons bien redressé le club", rappelle un dirigeant, qui souligne que l'OM était au bord de la ruine quand Frank McCourt l'a racheté en octobre 2016. "Le problème, c'est que l'échec du sportif masque les progrès dans tous les autres domaines, la structuration du club, le développement de la marque, la formation..."
. Reconstruction
Il va falloir essentiellement rebâtir une équipe, avec moins de moyens, faute de rentrées européennes, d'une part, et sous la contrainte du fair-play financier. Eyraud a promis que le club "s'adaptera" et aura "une équipe compétitive".
"Après une grosse saison comme l'année dernière, tu as besoin de sang neuf et d'éléments d'expérience qui s'insèrent très vite dans le collectif, plutôt que de jeunes joueurs qui ont besoin de s'adapter", estime Paganelli.
Eyraud rétorque lui qu'"il y a vraiment les champions du monde de la post-rationalisation dans le football. C'est tellement facile de refaire l'histoire en disant: +si nous avions fait cela, cela se serait passé différemment+".
L'OM avait choisi de renforcer le noyau dur des héros de la campagne européenne, c'est un échec. "Il faudra regarder de très près ce qui n'a pas fonctionné", décortique le président.
"On n'a pas pu faire de miracle avec cette équipe", souffle un membre du staff, qui juge que les leaders ont été décevants. Il a aussi manqué toute la saison un arrière gauche pour concurrencer Jordan Amavi, décevant, et le buteur Mario Balotelli n'est arrivé que fin janvier au lieu de l'été.
Difficile de savoir qui va rester chez les joueurs parmi les gros salaires, Florian Thauvin, Dimitri Payet, Adil Rami ou Kevin Strootman. "Dim" a déjà évoqué en conférence de presse une saison prochaine à l'OM.
Luiz Gustavo, lui, a lancé: "Je veux continuer". Le Brésilien, chouchou du stade, est peut-être la première pierre de la reconstruction.
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