Nicolas Bazin, metteur en scène rouennais, adapte la pièce emblématique de Corneille dans une version très cinématographique. Il nous explique ses choix :
Pourquoi avoir choisi cette pièce du répertoire ?
Nicolas Bazin : "C'est un Roméo et Juliette à la française ! Rodrigue et Chimène sont contraints par un amour impossible, car Rodrigue a tué par honneur le père de celle qu'il aime. L'intrigue politique de la pièce n'est pas l'essentiel, ce qui compte, c'est le conflit entre le cœur et la raison : des principes que l'on retrouve dans toutes les cultures et toutes les civilisations, même si à notre époque on vit moins avec ces notions. Cependant, c'est une fable à la fois intemporelle et poétique."
Pourquoi transposer Le Cid dans un monde post-apocalyptique ?
"J'ai constaté la désaffection du jeune public pour le théâtre. Si l'on n'a pas la chance d'être intéressé par le théâtre par nos parents, c'est dans le cadre scolaire que l'on découvre le théâtre et la plupart des jeunes d'aujourd'hui y sont réfractaires. Le Cid, c'est à la fois une pièce de répertoire et une pièce au programme scolaire, en la transposant dans un monde post-apocalyptique je voulais lui donner une nouvelle jeunesse et montrer que les valeurs défendues dans le Cid peuvent à nouveau être un jour des valeurs essentielles. Quand il ne nous restera plus rien que nos corps et nos émotions, peut-être retrouverons nous un lien plus fort avec ce code d'honneur."
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Comment cet univers se construit-il visuellement ?
"C'est un travail sur le son et sur l'image. On emprunte au cinéma ses codes esthétiques et sa façon de souligner l'émotion avec une bande-son pertinente. Le plateau est recouvert de sable et éclairé d'une lumière rasante, qui en souligne ainsi les effets et le relief. Le décor qui a été imaginé par Margot Ardouin est mouvant et nu. Pour nous faire oublier que nous sommes dans un théâtre, les rideaux ont été enlevés et les cintres sont visibles, comme s'ils faisaient partie intégrante du décor, comme des vestiges d'une civilisation disparue. D'autre part, c'est une immersion sonore complète. J'interprète au piano en live la bande-son créée pour la pièce accompagné par Noé Sainlez au violon. Il y a des leitmotivs comme au ciné, mais aussi des bruitages comme de la tôle froissée ou du vent soufflant. Ils viennent stimuler notre imaginaire et nous aider à composer ce monde où toute technologie est réduite à l'état de ruine."
En quoi le cinéma vous nourrit ?
"J'ai fondé la cie BazandCo avec Thomas Andrei, qui lui est spécialisé dans la vidéo. Nous avons ensemble combiné nos deux passions, le théâtre et le cinéma, et chacune se nourrit l'une de l'autre. Depuis la création de la compagnie en 2016, nous avons créé une douzaine de pièces et nous avons aussi choisi de réadapter deux pièces de répertoire : Georges Dandin de Molière et le Cid de Corneille. Dans ces mises en scènes j'ai voulu apporter toute la puissance suggestive du cinéma à la forme théâtrale afin de donner une nouvelle jeunesse à ces œuvres classiques."
Les 17 et 18 mai 2019 à 20h30 et le 19 mai à 20 heures au théâtre de l'Écho du Robec à Darnétal. 16 à 24€. Places en lignes sur: billetreduc.com
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