Six mois après le rejet de l'indépendance par référendum, la droite non indépendantiste obtiendrait 28 élus sur 54, contre 26 aux indépendantistes, selon les estimations de la télévision NC Première. Ce scrutin crucial ouvrait l'ultime mandat découlant de l'accord de Nouméa.
Après avoir perdu le référendum avec un score de 43,3% bien supérieur aux annonces des sondages, les indépendantistes espéraient surfer sur cette dynamique et prendre les rênes du Congrès et du gouvernement, alors que les nouveaux élus auront la lourde responsabilité d'échafauder avec Paris un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie. Mandat après mandat, les indépendantistes gagnent du terrain depuis 1998 et disposaient dans le Congrès sortant de 25 élus sur 54.
Dimanche, il s'agissait pour les 169.635 électeurs de renouveler les 76 conseillers des trois provinces, 40 dans la province sud, 22 dans celle du Nord et 14 dans celle des îles Loyauté.
En tout 25 listes, soit pas moins de 934 candidats, étaient en lice: 11 listes dans la province sud (40 élus), la plus riche et la plus peuplée (108.516 électeurs), six dans la province Nord (22 élus) et huit dans la province des îles Loyauté (14 élus).
Le résultat est marqué par un net retournement à droite. Calédonie Ensemble, parti de droite modérée, qui dirigeait la riche province sud et le gouvernement, essuie une cinglante défaite au profit de son rival L'Avenir en confiance, soutenu par Les Républicains. L'Avenir en confiance remporte 18 élus au Congrès et la majorité absolue dans le sud. CE dégringole pour sa part de 15 à 7 élus au Congrès.
Côté indépendantiste, l'Union Nationale pour l'Indépendance du président sortant Paul Néaoutyine dans la province nord arrive en tête et devrait garder son poste.
Dans le paysage sortant, les indépendantistes du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) dirigent le Nord et les Loyauté tandis que le Sud est aux mains de la droite loyaliste et est présidée par Calédonie ensemble.
54 des 76 élus provinciaux siègent à l'échelle territoriale au Congrès, qui élit ensuite un gouvernement collégial. Calédonie Ensemble (CE, droite modérée) présidait l'exécutif.
Le mode de scrutin de listes proportionnel à un tour nécessite d'obtenir au minimum 5% des inscrits pour pouvoir participer à la répartition des sièges. Un système qui, compte tenu du poids démographique du Sud, engendre une "sur-représentativité" des provinces indépendantistes, dénoncée par la droite.
En effet, une liste du Sud doit rassembler 5.425 voix pour avoir des élus, ce qui donne peu de chances aux petites listes, tandis qu'il n'en faut que 2.000 dans le nord et 1.000 aux Loyauté.
Une droite loyaliste désunie
Cette semaine, Paul Néaoutyine, président de la province nord et incontournable interlocuteur du FLNKS, a affirmé que "la pleine souveraineté était la seule porte de sortie" de l'accord de Nouméa.
Persuadés que le rapport de force peut s'inverser, les indépendantistes veulent aller "jusqu'au bout" du texte, qui prévoit l'organisation d'un deuxième et éventuellement d'un troisième référendum en 2020 et 2022.
La mouvance LR veut organiser "au plus vite" les prochains référendums, espérant de son côté améliorer le score des pro-français et discuter ensuite "avec fermeté" avec le FLNKS.
Enfin, CE considère qu'il "ne sert à rien" de poser encore deux fois la même question "qui donnera le même résultat". Ce parti, partisan d'un dialogue constant avec les indépendantistes, prône un référendum "d'avenir partagé" sur une solution "de souveraineté dans la République".
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