Berlin célèbre dimanche les 70 ans de la fin du blocus de la ville par l'Union soviétique, épisode majeur de la Guerre froide, avec son héros de l'époque: l'un des premiers pilotes à avoir approvisionné la population de l'ouest de la ville en friandises et victuailles.
Quelque 50.000 personnes sont attendues pour des commémorations sur l'ancien aéroport de Tempelhof, désormais transformé en parc urbain, théâtre d'une opération aérienne sans précédent de 15 mois menée par les Alliés.
Plusieurs films, dont certains enregistrements d'époque originaux, seront diffusés sur des écrans géants. Des concerts, notamment de la "United States Air Forces in Europe Band" ou de la cantatrice Susan Wheeler Martosko, rythmeront aussi la journée.
Mais la star sera sans conteste l'ex-pilote de l'armée de l'air américaine Gail Halvorsen, surnommé affectueusement "Tonton qui bat des ailes" ou "chocolat volant" par la population locale.
Il participa, entre juin 1948 et septembre 1949, à la fameuse "Opération Victuailles", l'autre nom du pont aérien de Berlin.
Plusieurs milliers d'avions, principalement britanniques et américains, avaient permis de désenclaver les plus de deux millions de Berlinois de l'Ouest en les ravitaillant, contournant ainsi le blocus soviétique routier et maritime autour de cette partie de la ville.
Il avait été mis en place par l'URSS dans l'espoir in fine de prendre le contrôle de Berlin-Ouest, sous administration des Alliés, et ainsi de tout l'est de l'Allemagne.
Largage de bonbons
M. Halvorsen est, depuis, resté une figure marquante dans l'imaginaire des Berlinois: il fut l'un des premiers pilotes des "Rosinenbomber", les Bombardiers de raisins secs.
Ce surnom avait été donné aux avions militaires alliés qui larguaient pour les enfants de petits parachutes chargés de bonbons, raisins secs et chewing-gum.
Gail Halvorsen avait expliqué aux enfants berlinois rencontrés près de l'aéroport qu'il inclinerait les ailes de son avion en survolant la ville, en signe de reconnaissance pour prévenir d'un largage de friandises. C'est ce qui lui valut d'être appelé "Tonton qui bat des ailes".
Il fera des émules. Au départ constitués de mouchoirs ou de manches de chemises des militaires, les parachutes se perfectionneront et les largages augmenteront grâce à un engouement médiatique aux Etats-Unis.
L'ancien aviateur américain de 98 ans, vêtu de son uniforme militaire de l'époque, a fait samedi un retour remarqué à Tempelhof lors d'une première cérémonie en son honneur: sur un terrain de base-ball qui porte désormais son nom et est situé sur le site de l'ancien aéroport.
Il a salué les Berlinois de l'époque. "Ils ont été les piliers de la confrontation avec l'Union soviétique", a-t-il dit, entouré de ses filles Denise Williams et Marilyn Sorensen.
'Meilleur ambassadeur'
Le vétéran, qui fut élevé au rang de colonel et revint dans les années 1970 à Berlin comme commandant de l'aéroport de Tempelhof, a signé plusieurs autographes sur des photos d'époque et distribué des bonbons à des enfants.
"J'exhorte les jeunes à garder l'esprit ouvert pour savoir que certains dirigeants conduiront des gens libres dans la mauvaise direction", a averti M. Halvorsen.
"La liberté est importante et il faut parfois se battre pour elle", a-t-il ajouté.
Il reste une figure très appréciée des Berlinois ayant vécu à cette époque, à l'instar de Mercedes Wild, 78 ans, qui à l'âge de sept ans avait écrit au pilote pour ... se plaindre de ne pas encore avoir pu attraper un petit parachute sucré.
A sa grande surprise, elle a reçu une lettre de la part de l'aviateur, accompagnée de chewing-gum et d'une sucette, marquant le début d'une longue amitié entre les deux familles.
"Il est devenu une figure paternelle pour moi (...) il est le meilleur ambassadeur que nous puissions avoir pour valoriser l'amitié germano-américaine", explique-t-elle.
Au total 277.000 vols auront apporté quelque deux millions de tonnes de produits de première nécessité. Les pilotes auront parcouru 175 millions de kilomètres, et 78 personnes perdront la vie. Et au final le blocus fut levé sans contrepartie.
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