Prendre la place de Katoto à la Coupe du monde (7 juin-7 juillet en France), est-ce un cadeau empoisonné pour l'insouciante attaquante de 20 ans ? La joueuse de Lyon, qui était prêtée à Guingamp lors de la deuxième partie de saison, ne le prend pas comme ça. "Si je suis là aujourd'hui c'est que j'ai quand même déjà montré pas mal de choses", explique-t-elle à l'AFP.
"Je sais qu'on va avoir un œil particulier sur moi vu que j'ai été prise +à la place+ de Marie (Antoinette Katoto). Mais ça ne va pas changer ma manière d'aborder les choses. Je serai tout à fait naturelle et spontanée et aux entraînements, je vais me donner à fond et on verra", ajoute-t-elle.
C'est tout ce que demande la sélectionneure Corinne Diacre qui avait justifié son choix en louant notamment "ses qualités de vitesse", même si elle va "parfois tellement vite qu'elle en oublie un peu le ballon", avait plaisanté la coach.
"Bons matches au bon moment"
Celle-ci "a surtout vu que j'ai été présente quand elle m'a appelée et que j'ai fait les bons matches au bon moment. C'est ce qui a peut-être manqué un peu à Marie", rappelle la principale intéressée.
Coéquipières l'été dernier, lors du Mondial U20 organisé en Bretagne, les deux joueuses avaient déjà connu des fortunes opposées: Laurent s'était révélée en inscrivant 4 buts, alors que Katoto avait déçu.
Et c'est donc presque logiquement que l'ailière est la seule de la génération 1998 qui s'apprête à enchaîner les deux compétitions mondiales.
"Ça va très très vite dans le football", reconnaît, dans un sourire, la jeune Martiniquaise qui n'a pas digéré la frustration d'une 4e place au final décevante.
"On n'avait pas très bien fini, mais c'était une belle expérience à la maison et j'avais dans un coin de ma tête cette Coupe du Monde", a-t-elle admis.
Pour mettre toutes les chances de son côté, elle a écouté la sélectionneure et appliqué ses conseils à la lettre.
"Elle avait dit dans la presse qu'il y avait des joueuses qu'elle aimait bien qu'elle avait vues pendant la Coupe du Monde U20 mais qui n'avaient pas de temps de jeu en club et que c'était quasiment impossible pour elle de les sélectionner", souligne-t-elle.
"Gagner la finale, c'est l'objectif"
Quand, après un début de saison prometteur, une blessure réduit son temps de jeu à l'OL, elle n'hésite pas à accepter un prêt à Guingamp en janvier, club bien moins en vue mais où elle était titulaire indiscutable.
"Guingamp m'a justement permis de reprendre confiance et de jouer 90 minutes les week-ends, de reprendre un peu de rythme. J'ai retrouvé les sensations d'avant", assure-t-elle.
"Les qualités, on ne les perd pas, comme toute l'expérience que j'avais emmagasinée aux entraînements", enchaîne-t-elle avec une assurance qui est, elle aussi, nouvelle.
Pendant longtemps, Emelyne Laurent a douté de son potentiel réel, ne se pardonnant aucune faiblesse.
"J'étais mon propre ennemi, c'était assez compliqué parce que je suis quelqu'un de très dur, je suis très exigeante, en tout cas avec moi-même, parce que je sais que c'est en étant dur qu'on apprend et qu'on peut se surpasser", raconte-t-elle.
"Mais des fois, le trop, le surplus, ça conduit à des moments très difficiles, à douter, alors que ça n'avait pas lieu", reconnaît-elle aujourd'hui.
Cette confiance, elle espère la communiquer aussi au groupe et la fait viser haut.
"Gagner la finale, c'est l'objectif. Malheureusement, je pense que (la Coupe du Monde) ne serait pas réussie si on revenait sans la coupe", assène-t-elle.
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