Après dépouillement de près des deux-tiers des 23.000 bureaux de vote, l'ANC était crédité de 56,66% des suffrages lors des scrutins de mercredi. Il devrait donc conserver sa majorité absolue à l'Assemblée, synonyme de nouveau mandat à la tête de l'Etat pour M. Ramaphosa.
S'il se confirme, ce résultat constituerait cependant la plus mauvaise performance du parti de feu Nelson Mandela à des élections législatives. En 2014, il avait recueilli 62,15% des voix.
"L'ANC est en route vers un solide succès compte tenu de ses mauvais résultats en matière de gouvernance", a résumé l'analyste Daniel Silke, "son recul prive toutefois le parti de toute marge de sécurité et le contraint à réussir, faute de quoi il risque gros aux élections de 2024".
Derrière la formation du président, l'Alliance démocratique (DA), principal parti d'opposition, pointe en deuxième position avec 22,59% des voix, à peine plus qu'il y a cinq ans (22,23%), selon les résultats partiels.
"Je suis relativement satisfait" avec les résultats actuels, a réagi le chef de la DA, Mmusi Maimane, en début de soirée jeudi. "Le soutien à la DA est très fort", a-t-il estimé devant la presse.
La troisième marche du podium revient aux Combattants pour la liberté économique (EFF) du bouillonnant Julius Malema. En forte progression par rapport aux 6,35% réunis en 2014, le parti de la gauche radicale totalise cette fois 9,81%, selon des résultats partiels.
"Nous sommes satisfaits de notre position puisque nous sommes nettement au-dessus de nos résultats de 2014", s'est réjoui à l'AFP un des responsables du parti, Dali Mpofu.
Inférieure à 66%, la participation à ces élections s'annonce par ailleurs en nette baisse par rapport aux législatives de 2014 (73,48%).
Déclin
Vainqueur de tous les scrutins post-apartheid, l'ANC a vu sa popularité plonger sous le règne émaillé de scandales de son prédécesseur Jacob Zuma (2009-2018).
Aux élections locales de 2016, l'ANC avait même touché le fond en n'obtenant que 54% des voix au niveau national.
Malgré sa popularité, Cyril Ramaphosa n'a, au mieux, réussi qu'à limiter la casse pour son parti.
Le chef de l'Etat s'était pourtant montré très sûr de lui en votant mercredi. "Les résultats du scrutin constitueront un encouragement important aux investisseurs", avait-il lancé.
Depuis qu'il a poussé Jacob Zuma vers une retraite anticipée début 2018, Cyril Ramaphosa a reconnu les "erreurs" commises par son parti et promis d'éradiquer la corruption et de relancer l'économie.
Un an plus tard, l'ancien syndicaliste reconverti avec succès dans les affaires tarde à tenir ses promesses.
Tout au long de sa campagne électorale, il a été confronté à la déception, l'impatience, voire la colère d'une part croissante de la population, qui s'estime oubliée de la nation "arc-en-ciel" rêvée par Nelson Mandela.
Changement
Le bilan d'un quart de siècle de gouvernement ANC laisse sérieusement à désirer. Le chômage a atteint des proportions endémiques (27%), la corruption a gagné le plus haut sommet de l'Etat et les inégalités sociales se creusent.
Avant le scrutin, l'opposition a lourdement insisté sur ces échecs et appelé le pays à sanctionner l'ANC.
"Changeons les choses", a lancé mercredi le chef de file de la DA, Mmusi Maimane, 38 ans.
"Si vous avez besoin de changement, les EFF sont la solution", a renchéri leur leader Julius Malema, 38 ans lui aussi.
Certains électeurs traditionnels les ont déjà rejoints.
"L'ANC a cru que nous ne le lâcherions pas, une certaine forme d'arrogance les a gagnés", a critiqué Mandla Booi, un ouvrier de 45 ans de Port-Elizabeth (sud). "Moi, j'ai préféré partir et j'ai pris ma carte de membre des EFF."
Une fois la victoire de l'ANC confirmée, Cyril Ramaphosa devrait être réélu par les députés et être investi pour un nouveau mandat de cinq ans dès le 25 mai.
Avec une performance électorale médiocre, la plupart des observateurs lui prédisent des difficultés à faire passer ses réformes, les partisans de l'ex-président Zuma disposant toujours d'une forte capacité de nuisance au sein de l'ANC.
"Il va devoir convaincre (...) les factions les plus extrêmes de son parti", a résumé à l'AFP Daniel Silke, "ses principales difficultés viendront de son parti".
bur-bed/jpc
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