Ce fut "un voyage passionnant mais aussi très risqué", a expliqué l'ancien militaire de 72 ans après son arrivée à 01H00 locales (07H00 en métropole) et des retrouvailles sobres mais chaleureuses avec sa compagne Josyane ainsi que son ami Pierre Galzot qui l'attendaient sur le quai à Fort-de-France.
"Je crois que c'est à partir du moment où l'aventure s'est terminée que les gens réaliseront la portée de la performance", a commenté Pierre Galzot. "Au départ ça pouvait sembler une initiative un peu folklorique. Mais il était en contrôle du début à la fin."
Parti le 26 décembre de l'île d'El Hierro dans les Canaries pour traverser l'Atlantique, mû par la seule force des courants, Jean-Jacques Savin avait quitté son tonneau vendredi après 127 jours et 5.800 km de mer pour monter sur un pétrolier en direction de l'île néerlandaise de Saint-Eustache (Caraïbes).
Après un peu de repos à Saint-Eustache, le baroudeur et son tonneau ont été pris en charge par un remorqueur français, le bien nommé "Friendship", venu spécialement le chercher pour le ramener en Martinique.
Sur le quai du port foyalais, Pierre Galzot a retrouvé son ami, vêtu d'un t-shirt orange aux couleurs de son tonneau, "égal à lui-même". "C'est le Jean-Jacques Savin que je connais depuis 40 ans. Un garçon extrêmement résilient, qui était très très bien entraîné. Là, sincèrement, il n'est pas trop amaigri", a assuré M. Galzot, médecin de profession, qui a "quand même recommandé" à son ami d'aller "faire un bilan complet" à l'hôpital.
"Je commençais à flipper"
Durant son périple, l'aventurier a perdu 4 kilos, un par mois. A bord de sa capsule de 3 mètres de long et 2m10 de diamètre principal, fabriquée à Arès en Gironde, il a dû évoluer dans un espace de vie de 6 m2 seulement.
Pas de quoi tourner en rond pour autant. "Répondre aux mails le matin, ça me prenait 3 heures de temps, et puis envoyer mon journal de bord, tout ça me prenait la matinée. Et puis la sieste l'après-midi. J'ai beaucoup lu et puis j'ai écrit mon livre", a raconté Jean-Jacques Savin dont l'aventure a été suivie par plus de 23.000 personnes sur Facebook et a suscité l'attention des médias internationaux.
Le livre en question doit paraître en août prochain et le titre est déjà trouvé: "127 jours à la dérive sur l'Atlantique en tonneau". Non sans peur parfois. "Les huit derniers jours quand je voyais que je ne me faisais pas récupérer, je commençais à flipper", se rappelle le baroudeur. Ou cette fois où il a failli se faire heurter par un cargo qui ne l'avait pas vu.
De cette aventure, l'émule du navigateur Alain Bombard, qui avait en 1952 traversé l'Atlantique en solitaire sur un canot pneumatique, ne garde pourtant que de bons souvenirs. A tel point qu'il envisage déjà la prochaine: une traversée de la Manche à la nage. Et puis pourquoi pas une traversée du Pacifique en 6 mois à bord de son tonneau s'il trouve les sponsors nécessaires.
"Ca je ne suis pas tout à fait d'accord", s'inquiète son ami Pierre Galzot. Et ce même si "Jean-Jacques a la tête sur les épaules, il est conscient de ses capacités et de ses limites."
En attendant, Jean-Jacques Savin a prévu de se reposer auprès de ses proches et de retourner à Bordeaux comme son tonneau, placé en conteneur.
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