Entamé dès la clôture des bureaux de vote mercredi soir, le dépouillement doit livrer dans la journée les premières tendances, pour des résultats complets prévus samedi.
Les sondages réalisés en fin de campagne ont promis au parti historique de Nelson Mandela de conserver sa majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale. Elu par les députés, Cyril Ramaphosa devrait être réinvesti chef de l'Etat le 25 mai.
Sûr de lui, M. Ramaphosa, 66 ans, a assuré mercredi que "les résultats du scrutin constitueront un encouragement important aux investisseurs (...) à la confiance des investisseurs".
"Il s'agit de confiance et d'avenir", a-t-il insisté après avoir voté dans le township de Soweto.
Vainqueur de tous les scrutins qui ont suivi la chute de l'apartheid et l'avènement de la démocratie il y a un quart de siècle, l'ANC a vu sa popularité plonger sous le règne émaillé de scandales de son prédécesseur Jacob Zuma (2009-2018).
Aux élections locales de 2016, l'ANC a réalisé son plus mauvais score national en recueillant 54% des voix, cédant en outre le contrôle de villes comme Johannesburg et Pretoria.
Depuis qu'il a poussé Jacob Zuma vers une retraite anticipée début 2018, Cyril Ramaphosa a reconnu les "erreurs" commises par son parti et promis d'éradiquer la corruption et de relancer l'économie du pays en crise.
Un an plus tard, l'ancien syndicaliste reconverti avec succès dans les affaires est resté populaire mais tarde à tenir ses promesses.
Tout au long de sa campagne électorale, il a été confronté à la déception, l'impatience voire la colère d'une part croissante de la population, qui s'estime toujours oubliée de la Nation "arc-en-ciel" rêvée par Nelson Mandela.
"Nous leur avons donné vingt-cinq ans (de pouvoir) mais les pauvres sont toujours plus pauvres et les riches encore plus riches", a résumé mercredi Anmareth Preece, une institutrice noire de 28 ans électrice à Coligny (nord-ouest).
"Pour le peuple"
"Il nous faut un gouvernement qui gouverne pour le peuple, par pour lui-même", a-t-elle ajouté.
Le bilan d'un quart de siècle de gouvernement ANC laisse sérieusement à désirer. Le chômage a atteint des proportions endémiques (27%), la corruption gagné le plus haut sommet de l'Etat et les inégalités sociales et la pauvreté se creusent.
Avant le scrutin, l'opposition a lourdement insisté sur ces échecs et appelé le pays à sanctionner l'ANC.
"Changeons les choses", a lancé mercredi le chef de file de l'Alliance démocratique (DA) Mmusi Maimane, 38 ans. "Si vous avez besoin de changement, les EFF sont la solution", a renchéri celui des Combattants pour la liberté économique (EFF), le bouillant Julius Malema, 38 ans lui aussi.
Certains électeurs traditionnels les ont déjà rejoints.
"L'ANC a cru que nous ne le lâcherions pas, une certaine forme d'arrogance les a gagnés", a critiqué Mandla Booi, un ouvrier de 45 ans de Port-Elizabeth (sud). "Moi, j'ai préféré partir et j'ai pris ma carte de membre des EFF".
Ces mouvements ne devraient toutefois pas menacer la majorité absolue du parti au pouvoir. La DA doit rassembler autour d'un quart des suffrages et les EFF, en forte progression, s'approcher de la barre des 15%, prédisent les analystes.
Les seules surprises du scrutin pourraient venir des élections régionales, où les positions de l'ANC semblent menacées dans plusieurs provinces dont le Gauteng, celle de Johannesburg.
Malgré la victoire, Cyril Ramaphosa n'aura pas la tâche facile pour tenir ses promesses de réforme de grande ampleur.
Les observateurs anticipent de fortes résistances au sein-même de son parti, où les partisans de l'ex-président Zuma disposent toujours d'une forte capacité de nuisance.
"Plus haut sera le score de l'ANC, plus la marge de manoeuvre (de M. Ramaphosa) sera grande", a pronostiqué pour l'AFP Dirk Coetzee, professeur à l'université d'Afrique du Sud (Unisa).
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