Un nouvelle humiliation
Pour la quatrième année d'affilée, le Barça ne gagnera pas la C1, cette "coupe si belle et si désirée" selon les mots de Messi.
Après trois éliminations en quarts, dont une "remontada" subie contre l'AS Rome l'an dernier (4-1, 0-3), ce naufrage contre Liverpool (3-0, 0-4) confirme l'idée d'un blocage mental... ou d'une suffisance.
"Ridicule", "honte", "fiasco", a titré la presse espagnole, consternée.
"Le Barça a affiché trop de confiance, en pensant que son avantage de l'aller durerait le temps du match retour", a résumé dans un éditorial Alfredo Relano, directeur du quotidien sportif As.
Un problème culturel
Paradoxalement, en Espagne, le Barça reste une terreur. L'équipe a remporté huit des onze dernières Ligas et les quatre dernières Coupes du Roi... en attendant la finale de l'édition 2019 le 25 mai contre Valence.
Cette suprématie domestique est volontairement recherchée par le club catalan: "Nous sommes une équipe qui, historiquement, doit gagner la Liga si elle veut gagner la Ligue des champions. Notre premier objectif est la régularité", résumait à l'automne l'entraîneur Ernesto Valverde.
Sauf que cette culture du temps long n'est pas celle des grands soirs: l'incroyable "remontada" réussie en 2017 face au Paris SG (0-4, 6-1) avait été suivie d'une gifle en quarts contre la Juventus. Et, à Liverpool, Barcelone n'a pas tiré les leçons de Rome.
Un entraîneur frileux
Désigné comme principal responsable, Valverde va vivre un été agité après la perte d'un triplé Liga-Coupe-C1 qui lui tendait les bras.
Encensé fin avril pour sa deuxième Liga gagnée en deux saisons, le technicien dispose d'un contrat récemment prolongé jusqu'en 2020, avec une saison supplémentaire en option.
Mais les critiques sur ses stratégies frileuses et son jeu limitatif étaient récurrentes. Bâillonnées par les exploits de Messi, elles refont surface après cette débâcle, notamment son choix d'aligner le fantôme Philippe Coutinho au détriment de la maîtrise de l'entrejeu et du sacro-saint jeu de passes à la barcelonaise.
"Valverde a une mentalité trop étriquée pour un aussi grand tournoi", a asséné dans un éditorial Ernest Folch, directeur du quotidien Sport.
"L'avenir de l'entraîneur sera inévitablement mis en doute", prophétise-t-il, alors que le président Josep Maria Bartomeu a annoncé une "réflexion" sur les raisons de ce fiasco... mais pas avant la finale de Coupe fin mai.
Un onze vieillissant
Le Barça de Messi a-t-il déjà vécu ses meilleures années ? Tous les cadres de l'équipe sont trentenaires.
Même si l'Argentin (31 ans) a beaucoup plus soufflé que les saisons précédentes, cela renvoie le Barça à sa politique de recrutement, conduite par le directeur sportif Eric Abidal: l'avant-centre Suarez a trop enchaîné, sans que le renfort hivernal Kevin-Prince Boateng, trop limité, ne le soulage vraiment.
Et ni Sergio Busquets ni Jordi Alba n'ont de doublure fiable... Reste à savoir si les recrues, comme Frenkie De Jong, apporteront assez de sang neuf.
Une concurrence exacerbée
Deuxième club ayant le plus de revenus au monde derrière le Real Madrid, le Barça a vu la concurrence européenne combler l'écart ces dernières saisons.
Messi lui-même a reconnu que le nombre de prétendants au titre européen s'est accru. "Chaque année, tout est plus serré, plus équilibré. Il y a des clubs avec beaucoup d'argent qui misent gros", a observé l'attaquant argentin.
Pour la première fois depuis 2013, la Ligue des champions ne sera pas gagnée par un club espagnol. Est-ce le début d'une ère anglaise ?
Un manque pour Messi
Promu capitaine cette saison, Messi rêvait de gagner sa cinquième Ligue des champions et c'est une nouvelle cartouche gâchée pour lui.
Même s'il finira probablement meilleur buteur de la C1 (12 buts), la course au Ballon d'Or reste indécise face à l'autre quintuple lauréat, Cristiano Ronaldo.
Messi aura certes une séance de rattrapage cet été: la Copa America, pour gagner enfin un titre majeur avec l'Argentine.
Mais pourra-t-il remonter un jour sur le toit de l'Europe ? Les années défilent...
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