Ces élections coïncident avec les vingt-cinq ans de la fin de l'apartheid et des premières élections libres du pays, remportées par l'ANC de Nelson Mandela.
Un quart de siècle plus tard, son bilan est plus que mitigé.
L'accès à l'éducation et aux services de base s'est largement étendu à la majorité noire. Mais les couleurs de la "nation arc-en-ciel" rêvée par le héros de la lutte contre le régime raciste blanc sont restées bien fades.
La criminalité, le chômage, qui touche 54% des moins de 24 ans et la pauvreté gangrènent la plus grande puissance industrielle du continent. Et la corruption a atteint des sommets sous l'ère du président Jacob Zuma (2009-2018).
L'ANC a fait son mea culpa pendant la campagne.
"Nous sommes suffisamment humbles pour reconnaître nos erreurs", a admis son patron depuis la fin 2017, Cyril Ramaphosa, le chef de l'Etat. "Nous ferons ce que le peuple attend de nous", a-t-il promis, sûr de sa victoire.
En l'espace d'un an et demi, l'ancien protégé de Nelson Mandela a insufflé une nouvelle dynamique à l'ANC. Il a promis la fin de "l'ère de l'impunité", la réduction du chômage et la relance d'une économie tout juste sortie de la récession.
Ses partisans y croient. Tous les sondages donnent l'ANC grand favori des scrutins de mercredi, avec au moins 50% des suffrages, ce qui lui permettrait de conserver la majorité absolue des sièges au parlement.
Cyril Ramaphosa est la "bonne personne pour faire changer les choses", a estimé une fidèle de l'ANC, Pindiwe Motsoane, 62 ans.
En poussant vers la sortie le sulfureux Jacob Zuma en 2018, l'ANC, qui avait enregistré son plus faible score de l'histoire (54%) deux ans plus tôt lors des élections municipales, semble avoir sauvé les meubles.
Si Jacob Zuma était encore au pouvoir, "les élections auraient été un cataclysme" pour l'ANC, assure l'analyste Collette Schulz-Herzenberg de l'université de Stellenbosch (sud-ouest). Cyril Ramaphosa, gestionnaire pragmatique, est "de loin le candidat à la présidentielle le plus populaire", ajoute-t-elle.
"Faiblesses de l'opposition"
En cas de victoire de l'ANC, le chef de l'Etat sortant sera reconduit dans ses fonctions par sa majorité parlementaire.
Jacob Zuma évincé, le principal argument de campagne de l'opposition a disparu.
La victoire annoncée de l'ANC reflète plus "les faiblesses de l'opposition que (ses) réussites", estime Mme Schulz-Herzenberg.
La deuxième force politique du pays, l'Alliance démocratique (DA), tiraillée par des tensions internes et encore perçue comme le parti de la minorité blanche, peine à convaincre. Elle est créditée de 15 à 25% des suffrages, contre 22% en 2014.
"Donner une chance au changement", a imploré son jeune chef noir, Mmusi Maimane, à l'adresse des déçus de l'ANC.
Le parti de la gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF), créé en 2013, devrait, lui, enregistrer la plus forte progression, selon les sondages.
Celui qui se présente comme les défenseurs des plus démunis pourrait dépasser la barre symbolique des 10%, en nette progression par rapport aux 6% de 2014. On n'est pas une formation "Mickey", a prévenu son chef, Julius Malema.
"J'ai toujours voté ANC, mais cette fois j'ai décidé que c'en était assez. Je vote EFF", a expliqué Peggy Mavimbela, 62 ans. "L'ANC nous abreuve de promesses vides".
Mais ces transferts de voix pourraient rester marginaux, anticipent les experts, qui prédisent que les déçus de l'ANC préfèreront s'abstenir que de rejoindre un autre parti.
"Ca va être la même histoire que dans le reste du continent", prévient Lumkile Mondi, professeur à l'université de Witwartersrand à Johannesburg.
"Quand les mouvements de libération arrivent au pouvoir, tout va bien, puis ils détruisent tout et au bout d'un certain temps la population perd ses illusions et s'abstient".
Les bureaux de vote seront ouverts mercredi de 07H00 (05H00 GMT) à 21H00 (19H00 GMT). Les premiers résultats sont attendus jeudi.
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