"Rester calme et boire frais": face au "feu électoral", aux polémiques et aux "petits sujets": le Premier ministre Edouard Philippe a adressé à la candidate ce conseil flegmatique, qu'il a dit tenir de son adjudant de service militaire.
"Honnêteté", "solidité", "patience"... Edouard Philippe a loué toutes les qualités "essentielles" de la candidate.
Lors d'un meeting à Caen, devant quelque 500 partisans, l'ancienne ministre des Affaires européennes a elle filé une autre métaphore militaire, comparant le scrutin du 26 mai à un "D-Day".
"Nous sommes à Caen et ça ressemble un peu à un débarquement allié", a-t-elle lancé, sans craindre l'anachronisme avec une des plus grandes offensives alliées contre les Nazis.
"Dans 20 jours ce sera notre D-Day, notre jour J", a-t-elle encore lancé, appelant à mettre à profit ces 20 jours "pour convaincre les Français" d'adresser "un oui franc et massif à l'Europe" et "à la renaissance européenne".
Lors d'une visite un peu plus tôt au Mémorial de Caen, l'ex-"Madame Brexit" d'Emmanuel Macron avait ciblé le Rassemblement national, avec qui sa liste "Renaissance" est désormais au coude-à-coude en tête des sondages. "Le nationalisme, c'est la guerre", avait elle lâché, reprenant le célèbre propos-testament de François Mitterrand à la fin de ses deux septennats.
A trois semaines du scrutin et deux ans pile après l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, le sprint final s'est engagé pour la majorité avec plusieurs meetings lundi soir, dont un autre à Paris avec le numéro 2 de la liste Pascal Canfin et l'écologiste Daniel Cohn-Bendit.
D'abord prévue autour du 20 avril, cette accélération a été retardée par l'incendie de Notre-Dame et la sortie du grand débat. Cette semaine, elle se traduira aussi par le dévoilement du matériel de campagne et surtout la présentation du programme le 9 mai, déclinée en régions.
"Une candidate solide"
Quand l'opposition lui reproche de traîner pour dévoiler son programme, Nathalie Loiseau a justifié le temps pris par le fait qu'il "n'a pas été préparé par trois apparatchiks dans une cabine téléphonique", avec des porte-à-porte comme lors de la campagne présidentielle.
"Peut être que nous ne ressemblons pas à ceux qui étaient là depuis très longtemps. Et peut-être que ce n'est pas une mauvaise nouvelle", s'est rassuré la primo-candidate, affichant les principes de "Renaissance": "Pas de recasage, pas de recyclage, pas de casserole et de pas de combine".
"+Keep calm, and carry on+" (rester calme, et continuer), s'est affirmée la candidate, reprenant une célèbre campagne de soutien au moral des Britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale.
Elle a toutefois semblé laisser transparaître des doutes, confessant par exemple que les Conseils des ministres et les développements du Brexit qu'elle y faisait comme ministre "lui manquaient un petit peu".
Au coude-à-coude avec le Rassemblement national dans les sondages, entre 21 et 24% des intentions de vote, la liste de la majorité régresse légèrement depuis quelques jours, jusqu'à passer derrière le RN dans certaines enquêtes, après plusieurs déboires pour Mme Loiseau: révélation de sa présence sur une liste d'extrême droite lors d'élections étudiantes, maladresses verbales. La candidate est également accusée par son concurrent républicain François-Xavier Bellamy de refuser de débattre avec lui.
Lundi, plusieurs membres du gouvernement ont volé au secours de la tête de liste. "Nathalie Loiseau fait totalement son travail", a déclaré celle qui lui a succédé au ministère des Affaires européennes, Amélie de Montchalin, sur Europe 1.
"Si elle a été autant attaquée, c'est sans doute parce qu'elle faisait peur. C'est une candidate solide", a insisté la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur France 2.
"Il n'y a pas de panique contrairement à ce que j'entends", a balayé le directeur de campagne Stéphane Séjourné. Sans pour autant minimiser l'important enjeu pour Emmanuel Macron, dont la fibre pro-européenne avait été un marqueur de sa victoire en 2017, de remporter cette élection qui avait porté en tête le FN en 2014.
Ce qu'a reconnu lui aussi le ministre des Collectivités locales, l'ex-LR et élu normand Sébastien Lecornu appelant à "serrer les rangs", de surcroît quand le pays sort difficilement de la crise des "gilets jaunes".
"On a besoin de ces élections européennes, on ne va pas raconter n'importe quoi (...) On va gagner mais surtout on a besoin de gagner donc merci Nathalie", a-t-il lancé.
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