Saïd Bouteflika, 61 ans, était considéré comme le véritable homme fort du palais présidentiel depuis l'accident vasculaire cérébral dont a été victime son frère Abdelaziz en avril 2013. A ce titre, il est l'une des figures honnies des manifestants.
L'Algérie est le théâtre de manifestations depuis le 22 février, qui ont poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril après 20 ans à la tête de ce pays pétrolier. Mais les protestataires continuent de réclamer le départ de toutes les figures du système lié à l'ancien président.
Saïd Bouteflika n'était apparu en public depuis la démission de son frère.
La source sécuritaire n'a pas précisé les raisons des arrestations du frère cadet de l'ex-président ainsi que du général Mohamed Mediene dit "Toufik", patron des services secrets d'Algérie durant 25 ans, et de l'ex-coordinateur des services de renseignements Athmane Tartag alias "Bachir".
Ni la police ni l'armée algériennes n'étaient joignables dans l'immédiat pour commenter officiellement cette information.
Homme fort de facto du pays depuis qu'il a lâché l'ex-président, dont il avait été un fervent soutien dans le passé, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, entretient des relations houleuses avec le général "Toufik".
Mi-avril, il l'avait accusé publiquement de "conspirer" pour entraver les solutions de sortie de crise et lui avait "lancé un dernier avertissement".
Sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah avait poussé "Toufik" à la sortie en septembre 2015, puis avait contribué à la dissolution de son service placé sous la tutelle de l'armée mais qui était considéré comme un Etat dans l'Etat.
Autre général dans le collimateur
Le général Tartag, présenté par la presse algérienne comme un proche de Saïd Bouteflika, avait lui été limogé aussitôt après la démission du chef de l'Etat.
Lui aussi semblait avoir été visé indirectement par des accusations du chef d'état-major qui avait dénoncé une réunion entre des "individus connus (...) en vue de mener une campagne médiatique virulente contre l'armée".
Selon la presse, cette rencontre avait réuni le général "Toufik", le général Tartag et Saïd Bouteflika. Mais le dit "Toufik" avait nié avoir rencontré le général Tartag à cette "pseudo-réunion", dans une déclaration transmise à des médias.
L'ancien homme fort de l'armée algérienne, le général Khaled Nezzar, a accusé récemment Saïd Bouteflika de vouloir instaurer l'état d'urgence ou l'état de siège, et d'avoir même envisagé de limoger le général Gaïd Salah, avant la démission de son frère.
Plusieurs personnalités proches du régime Bouteflika -politiques ou économiques- ont été entendues ou arrêtées ces dernières semaines.
Cinq puissants et richissimes hommes d'affaires, dont quatre proches de M. Bouteflika et de son frère, ont été placés en détention provisoire. Le parquet d'Alger a aussi entendu cette semaine Ahmed Ouyahia, quatre fois Premier ministre depuis 1995.
Le général Gaïd Salah a récemment appelé la justice à "accélérer la cadence" des enquêtes, une demande assimilée à une "injonction" par ses détracteurs.
Certains observateurs craignent que, tout en étant une réponse à la contestation qui dénonce les liens entre le pouvoir et les "oligarques" -des hommes d'affaires ayant fait fortune grâce à des contrats publics-, ces enquêtes servent de levier de "purge" interne.
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