"C'est effectivement un record", a commenté pour l'AFP le politologue Stéphane Rozès, professeur à Science-Po et président de la société de conseils en stratégie Cap.
"L'écart très important entre l'Europe souhaitée et ce qu'est l'Union européenne (...) entraîne une crise de la représentation politique, qui entraîne à la fois une forte abstention et un éclatement des familles politiques. D'où le nombre de listes", explique-t-il.
En 1999, dernier scrutin comparable avec une circonscription unique, 20 listes de 87 candidats avaient été déposées. Il devrait donc y avoir, lundi, au total 2.607 candidats le 26 mai en France, après vérification de l'éligibilité des candidats par le ministère de l'Intérieur.
Un éparpillement qui inquiète les partis traditionnels et la République en marche engagés dans une lutte pour la première place devant le Rassemblement national, ce qui est loin d'être acquis.
"Trente-trois listes aux élections européennes. Je doute que les listes nationales contribuent au rassemblement nécessaire des députés qui représenteront les citoyens français désireux de construire une Europe qui prépare notre avenir et nous protège", a twitté le député européen et ancien ministre de l'Economie Jean Arthuis, membre de la majorité présidentielle (LREM).
"Tout le monde va perdre des points", prédit le directeur de campagne des Européennes pour LREM Stéphane Séjourné.
Pour la première fois, le RN a été donné jeudi en tête des intentions de vote par deux instituts, avec 1 à 3 points d'avance sur La République en marche, même si une enquête Harris interactive a donné vendredi LREM devant avec 23,5% contre 20% pour le RN.
"Changer l'ordre d'arrivée"
La multiplication des listes peut "changer l'ordre d'arrivée" en grappillant des voix à LREM ou au RN et avoir "un effet important en termes de scénarisation" politique. Car "si La République en marche arrive devant le Rassemblement national, vous aurez des porte-parole de LREM qui expliqueront qu'ils sont la première force politique de France et inversement si c'est le Rassemblement national qui est en tête.", explique Jean-Yves Dormagen, professeur de Sciences politiques à l'Université de Montpellier.
Et pour Stéphane Rozès, "s'il est confirmé que la liste RN est devant LREM, ça veut dire un double affaiblissement du président Emmanuel Macron".
"Au plan européen puisqu'il aspirait à opérer une renaissance de l'Europe". Et au plan national, car "il n'aura pas les moyens de mener des réformes structurelles comme c'était le cas avant l'été" 2018, c'est-à-dire avant le mouvement inédit des "gilets jaunes" qui dure depuis près de six mois.
Même s'il semblait s'essouffler samedi dans la rue après des violences qui ont émaillé certaines manifestations, certains membres ont déjà lancé un "troisième ultimatum" à Emmanuel Macron le 25 mai, à la veille des Européennes.
Trois listes sont liées à ce mouvement social qui réclame plus de "justice sociale" et "une meilleure répartition des richesses" : "Evolution citoyenne" de Christophe Chalençon dont la rencontre avec le numéro deux du gouvernement italien et dirigeant du mouvement 5 étoiles Luigi di Maio avait créé une crise diplomatique entre Paris et Rome. "Alliance jaune" menée par le chanteur Francis Lalanne. Ou encore "Mouvement pour l'initiative citoyenne" qui entend organiser un référendum d'initiative citoyenne au niveau national et européen.
"C'est la décomposition politique en marche", tacle Jean-Christophe Cambadélis, ancien numéro un du Parti socialiste dont la liste n'est créditée que de 5%, voire moins.
Les partis traditionnels représentent la moitié des listes, avec les Républicains autour de 14% et une gauche incapable de s'unir, comme en témoignent les tentatives de rapprochement ratées entre Génération de Benoît Hamon et la liste PS/Place publique de Raphaël Glucksmann. Plusieurs autres listes représentent notamment des intérêts catégoriels ou locaux, les Européennes ayant régulièrement permis à des formations et mouvements plus ou moins structurés de se faire entendre.
Parmi elles, figurent la liste féministe "A voix égales" de Nathalie Tomasini, ancienne avocate de Jacqueline Sauvage, le Parti animaliste, et toujours une liste pour défendre l'Esperanto.
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