"C'est émouvant, c'est douloureux parce qu'évidemment elle n'est pas là", a confié à l'AFP Maryvonne Lepage, mère de Camille Lepage, photojournaliste indépendante assassinée en 2014, à 26 ans, lors d'un reportage dans l'ouest de la Centrafrique.
Selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF), 80 journalistes ont été tués en 2018. Depuis dix ans, ce sont plus de 700 journalistes professionnels qui ont péri dans l'exercice de leur métier.
Mme Lepage était entourée vendredi d'une centaine de personnes venues, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, commémorer la mort de sa fille, ainsi que celles de Ghislaine Dupont, 57 ans, reporter à Radio France internationale (RFI) et Claude Verlon, 55 ans, ingénieur du son, tous deux enlevés puis assassinés à Kidal dans le nord du Mali en 2013.
La petite place à l'intersection des rues d'Aboukir, du Louvre et Montmartre dans le IIe arrondissement, quartier emblématique de la presse, est désormais nommée "Ghislaine Dupont - Claude Verlon - Camille Lepage".
Après avoir dévoilé le nom de la plaque, les familles et proches des journalistes n'ont pu retenir leurs larmes après le dévoilement de la plaque, sur laquelle on peut lire "Mortes et mort pour l'information".
L'émotion était également palpable lors de la lecture par la comédienne Isabelle Carré, dans un silence tendu, de lettres adressées par Ghislaine Dupont à ses proches. Elle y raconte son quotidien de journaliste, notamment sa couverture d'élections au Sud Soudan.
"Je n'ai décidément pas perdu le goût du terrain avec l'âge, les rencontres que je continue de faire me passionnent tout autant", écrivait alors la journaliste de RFI à sa famille.
"Ghislaine Dupont, Claude Verlon, Camille Lepage, nous n'oublierons pas votre sacrifice et vous, passants, (...) vous aurez en tête en passant sur cette place que la liberté d'informer est bien fragile et qu'elle doit être, ardemment, chaque jour, défendue", a déclaré le maire du IIe arrondissement Jacques Boutault.
"Devoir de justice"
"En tant que journaliste, je suis touché", a témoigné auprès de l'AFP Francis Magois, journaliste à l'Equipe et membre du Syndicat national des journalistes (SNJ) qui a été à l'origine de l'initiative. "C'est l'une des rares professions où l'on peut mourir en exerçant son métier", a-t-il ajouté.
"C'est important de ne pas les oublier et de savoir aussi pourquoi ils ne sont plus là", a déclaré devant la presse Marie-Pierre Ritleng, soeur de Claude Verlon.
"Aujourd'hui, c'est vraiment un devoir de mémoire qu'on a, et un devoir de justice, et qu'on ait des réponses à nos questions, savoir comment ça s'est passé", a-t-elle ajouté, déplorant qu'il n'y ait "rien de neuf" dans l'enquête.
"A ce jour, aucun de ces crimes n'a été élucidé ni puni", a également regretté Laurence Lacour, journaliste et amie de Ghislaine Dupont, déplorant le manque de "réponses" aux "demandes d'expertise ou d'actes qui ont été formulées".
Si l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la lumière n'a toujours pas été faite sur les circonstances précises de leur assassinat alors que deux enquêtes sont ouvertes.
"On espère que le juge d'instruction va relancer une commission rogatoire pour que des enquêteurs français (aillent) sur les lieux de l'embuscade", a de son côté souhaité Maryvonne Lepage dont la fille a été assassinée dans des circonstances non élucidées. "L'enquête avance doucement", a-t-elle déploré.
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