"J'entends le reproche qui m'est fait d'avoir utilisé le mot +attaque+", a déclaré vendredi le ministre à la presse lors d'un déplacement à Toulon. "Je souhaite qu'aucune polémique n'existe sur ce sujet et le voyant l'être, je me dis que je n'aurais pas dû l'employer", a-t-il ajouté.
Mercredi soir, lors d'un déplacement à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour rendre visite à un CRS blessé lors de heurts en marge du cortège syndical, Christophe Castaner avait déclaré à la presse : "Des gens avaient ont attaqué un hôpital, des infirmières ont dû préserver le service de réanimation".
La directrice générale de l'hôpital "m'a raconté qu'elle avait elle-même tenté de dialoguer sans succès, évoquant, je cite, de +l'agressivité+, et, je la cite encore, +de la violence verbale+", a justifié vendredi le ministre. "Sans l'intervention des forces de l'ordre, une catastrophe - je reprends les mots de Martin Hirsch directeur de l'AP-HP - aurait pu se produire", a-t-il encore dit.
C'est à l'issue de ces échanges que le ministre fera sa déclaration avec laquelle il s'est retrouvé au centre d'une polémique allant jusqu'à des appels de l'opposition à sa démission.
"+Intrusion violente+, c'est le terme utilisé par la directrice de l'hôpital. +Attaque+, c'est celui qui m'est venu après avoir entendu le récit ému des personnels. Retenez le terme que vous voudrez", a dit vendredi l'ancien porte-parole du gouvernement nommé à Beauvau en octobre 2018.
"+Intrusion violente+, terme utilisé par la directrice, est en effet mieux adapté", a-t-il reconnu, en soulignant qu'"accepter de revenir sur ses mots (est) quelque chose qui ne pose aucun problème".
"Si des mots choquent, si des mots peuvent apparaître contredits par des faits établis contrairement à ce qui m'a été précisé (...) évidemment qu'il est normal de les faire évoluer", a poursuivi Christophe Castaner.
"Il a encore parlé trop vite"
Sa version d'une "attaque" de l'hôpital a été rapidement battue en brèche avec la diffusion de vidéos et témoignages sur une intrusion de manifestants dans l'enceinte de l'établissement appuyant la version d'un mouvement de panique.
Députés et sénateurs socialistes et communistes ont réclamé vendredi l'audition devant le Parlement de Christophe Castaner.
"S'il s'avérait que le ministre de l'Intérieur a relayé sciemment ou pas de fausses informations ou des informations non vérifiées, se trouverait dès lors nécessairement posée la question du maintien de la confiance que lui accordent le président de la République et le Premier ministre, avec les conséquences que cela implique", ont écrit les députés PS.
Dès jeudi, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, réclamait sa démission, le traitant de "menteur, en plus d'être un incompétent".
A droite même tonalité: "Le vrai problème n'est pas que M. Castaner emploie un mot ou un autre ; c'est qu'il n'ait toujours pas compris que la mission du ministre de l'Intérieur n'est pas de commenter hâtivement, mais de diriger sérieusement la @Place_Beauvau", twittait jeudi Guillaume Larrivé, secrétaire général délégué LR.
"Cet incident, au lieu d'être nié dans une polémique absurde, devrait tous nous émouvoir et nous ouvrir les yeux (...) sur la nécessité d'en finir avec ce climat de confrontation et de violence", s'est défendu vendredi Christophe Castaner.
Un argument déjà utilisé la veille par le gouvernement pour défendre le ministre.
Le chef du gouvernement Edouard Philippe a ainsi dénoncé une intrusion "totalement irresponsable". "C'est la première fois qu'il y a une exaction dans un hôpital (...). Je pense que tous les Français, comme moi, sont extrêmement choqués, c'est inqualifiable en fait", avait réagi de son côté la ministre de la santé Agnès Buzyn.
"Il a encore parlé trop vite", se désolait jeudi un cadre de Beauvau. "Nous avions une journée du 1er mai qui avait été annoncée comme l'apocalypse par les +Black Blocs+ et qui au final avait bien été gérée, et il met tout par terre avec cette déclaration", abondait une source policière.
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