Parmi les nombreuses prises de parole à la tribune des 51 différents groupes inscrits, la demande d'un cessez-le-feu est revenue avec insistance. Leurs conclusions, remises jeudi soir, doivent servir de base à la résolution finale.
"Chaque jour, des Afghans sont tués sans aucune raison. Un cessez-le-feu inconditionnel doit être annoncé", avait lancé jeudi Mohammad Qureshi, le chef de l'un des nombreux groupes.
"Nous appelons les adversaires politiques et les opposants armés à annoncer un cessez-le-feu pour des discussions durant le mois du ramadan", qui commence la semaine prochaine, avait renchéri Faizullah Jalal, un des membres de la loya jirga.
Vendredi matin après des discours introductifs, le président Ashraf Ghani devrait dévoiler les conclusions dans un discours de clôture.
Quelque 3.200 politiciens, responsables religieux, dirigeants communautaires et autres membres de la société civile participent depuis lundi à cette loya jirga - "grande assemblée" en langue pachtoune -, un rassemblement convoqué en période de crise nationale ou pour régler de grandes questions.
Les talibans ont déjà fait savoir qu'ils rejetaient toute décision ou résolution qui serait prise.
"Déposer les armes"
Les insurgés, qui ont refusé l'invitation de participer à la loya jirga faite par M. Ghani, rencontrent séparément à Doha depuis mercredi l'émissaire américain pour la paix, Zalmay Khalilzad.
Les autorités afghanes, qualifiées de "marionnettes" de Washington par les insurgés, ont jusqu'à présent été tenues à l'écart de ces discussions bilatérales.
"J'ai souligné aux talibans que le peuple afghan, qui sont leurs frères et soeurs, souhaite la fin de cette guerre. Il est temps de déposer les armes, d'arrêter la violence et d'embrasser la paix", a tweeté vendredi M. Khalilzad.
L'envoyé spécial américain "devrait oublier l'idée que nous déposerons les armes", lui a répondu sur Twitter Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans. "Au lieu de ces fantasmes, il ferait mieux de faire comprendre (aux Etats-Unis) qu'ils doivent cesser d'employer la force et de générer d'autres pertes humaines et financières à l'administration en déclin de Kaboul".
"Lignes rouges"
De nombreux Afghans craignent cependant qu'un accord trop hâtif entre Etats-Unis et insurgés ne compromette les avancées sociétales acquises depuis 2001, quand une coalition internationale avait chassé les talibans du pouvoir.
"Les progrès de ces 18 dernières années doivent être garantis", a affirmé Fatima Aziz, membre d'un comité de femmes à la loya jirga.
"Nous ne voulons pas d'une paix qui ne respecte pas les droits des femmes, qui ne garantisse pas la liberté d'expression, qui n'organise pas d'élections", a abondé un autre participant, Faizullah Jalalal.
Cette loya jirga n'a cependant pas fait l'unanimité au sein de la classe politique afghane. Plusieurs personnalités de l'opposition ont boycotté le rendez-vous, pourtant présenté comme historique, estimant qu'il était utilisé par M. Ghani pour faire campagne avant l'élection présidentielle prévue en septembre.
Aucun incident n'est pour l'heure venu perturber cette loya jirga, contrairement à celle de 2011 pendant laquelle les talibans avaient perpétré des attaques à la roquette. Des mesures de sécurité drastiques ont été prises, le gouvernement ayant décrété une semaine fériée pour limiter les trajets de la population. Les accès au lieu du rassemblement ont été coupés.
Pendant ce temps, dans les provinces du pays, la guerre continue de faire rage.
Selon un rapport trimestriel américain publié mercredi, la moyenne mensuelle des attaques jihadistes sur la période comprise entre début novembre 2018 et fin janvier 2019 a augmenté de 19% par rapport à celle du trimestre précédent. Un récent rapport de l'ONU a toutefois révélé une diminution de 23% des victimes civiles au premier trimestre 2019, ce bilan humain étant le moins élevé depuis le premier trimestre 2013.
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