"Oui, nous sommes en plein combat, le moral doit être au maximum dans cette lutte pour désarmer tous les traîtres, tous les putschistes", a asséné le chef de l'Etat à 4.500 soldats rassemblés à Caracas dans la cour du Fort Tiuna, la principale caserne du Venezuela, lors de cette cérémonie radio-télévisée.
"Loyauté toujours, trahison jamais!", a dit le président vénézuélien, flanqué de son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, et de plusieurs hauts gradés, reprenant un slogan scandé dans toutes les réunions et manifestations du pouvoir vénézuélien.
Ce discours s'inscrit dans la continuité de la chasse aux "traîtres" que Nicolas Maduro a lancée dès mardi soir, lorsqu'il a affirmé avoir déjoué l'"escarmouche putschiste" entreprise par un groupe de militaires entrés en rébellion pour rejoindre Juan Guaido, reconnu président par intérim par un cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.
Nicolas Maduro l'a d'ailleurs affirmé mercredi soir: il n'"hésitera pas" à l'heure d'incarcérer les "traîtres" responsables de ce soulèvement.
L'armée est un acteur fondamental dans l'équilibre du pouvoir vénézuélien. Elle tient le secteur pétrolier, le poumon économique du Venezuela, dont le pays tire 96% de ses revenus, et plusieurs ministères.
Au cours de la cérémonie de jeudi, le général Padrino a d'ailleurs réaffirmé la "loyauté" des troupes "au commandement suprême des Forces armées, le seul et unique président, le président Nicolas Maduro".
Juan Guaido, entouré de 27 "courageux soldats", avait lancé son appel au soulèvement depuis les abords de la base aérienne militaire de La Carlota, une tentative qui s'est dégonflée au cours de la journée. Quelque 25 militaires rebelles ont demandé l'asile à l'ambassade du Brésil à Caracas, puis une des figures de l'opposition, Leopoldo Lopez, qui était assigné à résidence depuis 2017 et était apparu aux côtés de M. Guaido, s'est réfugié dans l'ambassade d'Espagne.
L'option militaire américaine
Mais cet appel a provoqué des manifestations monstres des pro-Guaido dans tout le Venezuela, émaillées de violents heurts.
Mercredi, les partisans de Juan Guaido ont de nouveau manifesté par milliers. Là encore, des échauffourées ont éclaté entre des manifestants et la Garde nationale bolivarienne épaulée par la police. A Caracas une jeune femme a été tuée d'une balle dans la tête, selon une ONG proche de l'opposition.
Le mécontentement populaire est alimenté par les conséquences de la pire crise de l'histoire récente du pays. L'hyperinflation pourrait atteindre 10.000.000%, selon le FMI, les coupures de courant se multiplient et les hôpitaux ne peuvent plus soigner les malades, faute de médicaments et d'équipement.
Malgré l'échec de la manifestation de mercredi censée être le point final de l'"opération liberté" qui doit le mener au palais présidentiel de Miraflores, Juan Guaido a appelé à la poursuite des manifestations et il a appuyé l'idée de grèves tournantes.
Pour Nicolas Maduro, le véritable donneur d'ordres derrière cette "escarmouche putschiste" est John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.
Les Etats-Unis, tout comme une cinquantaine d'autres pays, reconnaissent Juan Guaido comme président par intérim. Et pour accentuer un peu plus la pression et tenter de déloger Nicolas Maduro du pouvoir, Washington a pris un très grand nombre de sanctions, dont la plus récente est la plus marquante: un embargo sur le pétrole vénézuélien, depuis dimanche dernier.
Les Etats-Unis évoquent aussi l'option militaire. "Une intervention militaire est possible. Si c'est nécessaire, c'est que ce feront les Etats-Unis", a ainsi expliqué mercredi Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine.
A l'inverse, Nicolas Maduro a notamment le soutien de la Chine et de la Russie, dont M. Pompeo a affirmé le même jour qu'elle "déstabilisait" le Venezuela, demandant à Moscou de cesser de soutenir le président vénézuélien.
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