Le 2 mai 1519, le peintre et savant génial (né en 1452) s'éteignait dans le château du Clos-Lucé d'Amboise, trois ans après avoir été invité en France par le roi François Ier.
Les deux présidents se sont retrouvés vers 11h30 au château d'Amboise pour se recueillir sur sa sépulture, avant de visiter le Clos-Lucé. Un impressionnant dispositif de gendarmerie bouclait les accès de la ville y compris aux touristes, priés d'aller visiter d'autres châteaux. Le centre d'Amboise, totalement désert, aux commerces fermés, avait des allures de ville morte.
MM. Mattarella et Macron ont tenu à souligner la force des liens bilatéraux, au delà des querelles gouvernementales. "L'amitié entre l'Italie et la France, reconfirmée entre le président Macron et moi-même, est à l'épreuve de tout", a déclaré M. Mattarella.
"C'est le meilleur de nos deux pays qui ont su se mettre ensemble. C'est ce qui fait que le lien entre nos pays et nos citoyens est indestructible, beaucoup plus fort et plus profond que nous ne le sommes à notre échelle", a renchéri M. Macron.
Le gouvernement populiste italien et celui d'Emmanuel Macron se sont affrontés depuis un an sur l'immigration clandestine, le soutien manifesté par Rome aux "gilets jaunes" mais aussi sur Léonard de Vinci, Rome reprochant à la France de s'approprier l'héritage du peintre.
La crise a culminé début février quand le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, a rencontré le "gilet jaune" Christophe Chalençon. Peu avant, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini avait même appelé à la démission du président français.
Pour protester, Paris a rappelé temporairement son ambassadeur en Italie, la plus grave crise diplomatique transalpine depuis 1945.
En invitant jeudi son homologue italien, chrétien démocrate proche de la gauche modérée et pro-européen, Emmanuel Macron veut manifester que l'amitié franco-italienne transcende ces querelles, à deux mois des élections européennes qui risquent de voir monter les partis populistes.
Sergio Mattarella, souligne l'Elysée, a joué un "rôle essentiel" ces derniers mois pour la reprise du dialogue entre Paris et Rome. "Quand notre ambassadeur, revenu à Rome, a rencontré le président Mattarella, les mots ont baissé d'un ton, nous avons vu moins de provocations" du gouvernement italien, note l'Elysée.
- Renzo Piano et Thomas Pesquet -
Les deux présidents passeront l'après-midi au château de Chambord, pour rencontrer 500 jeunes français et italiens, qui participeront à des ateliers avec des personnalités des deux pays.
Parmi les intervenants, l'architecte Renzo Piano, l'écrivain Alessandro Baricco ainsi que l'astronaute Thomas Pesquet et sa consœur italienne Samantha Cristoforetti. Le ministre de la Culture Franck Riester ainsi que Stéphane Bern, parrain de l'opération "Viva Leonardo", étaient également présents jeudi.
Cette visite permet aussi de confirmer les projets de deux expositions majeures, l'une consacrée à Léonard de Vinci au Louvre en octobre et l'autre à Raphaël à Rome en 2020, qui prévoit des échanges d'œuvres entre les deux côtés des Alpes.
La secrétaire d'Etat italienne à la Culture, Lucia Borgonzoni, membre de La Ligue, avait déclenché une polémique en novembre en semblant remettre en question le prêt par l'Italie de ses tableaux de Léonard de Vinci. "Léonard est Italien, il est seulement mort en France", avait-elle souligné.
"Les deux projets d'exposition ne sont pas en danger. Des deux côtés, il aura une magnifique exposition Léonard et une magnifique exposition Raphaël", a confirmé l'Elysée cette semaine.
Avant son départ pour la Touraine, M. Mattarella s'est rendu jeudi matin sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, en partie brûlée par un vaste incendie qui a ému dans le monde entier.
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