L'IAAF s'est aussitôt félicitée de cette décision qui sonne comme une victoire, annonçant aussitôt que son règlement, adapté en fonction des réserves posées par le TAS, entrerait en vigueur dès le 8 mai.
En accueillant "avec reconnaissance" la décision "prompte et détaillée" du TAS, l'IAAF se félicite que le tribunal reconnaisse le caractère "nécessaire, raisonnable et proportionné" de ce règlement.
Sur son compte Twitter, Caster Semenya a elle estimé que "parfois il vaut mieux réagir sans réaction".
La Sud-Africaine peut certes encore contester cette décision devant le Tribunal fédéral suisse, qui siège également à Lausanne. Cependant cette ultime juridiction ne juge pas sur le fond, mais uniquement sur la forme.
Si le TAS, tribunal suprême en matière de sport, a rejeté la demande d'annulation de ce règlement, il a cependant exprimé "de sérieuses préoccupations au sujet de la future application pratique de ce règlement".
Règlement appliqué dès le 8 mai
Pas de quoi pourtant freiner l'IAAF qui, selon une source proche du dossier, a eu le temps de répondre d'ores et déjà à l'une des trois réserves posées pour appliquer son règlement dès le 8 mai.
"Le TAS n'a pas validé le règlement de l'IAAF, il a simplement rejeté les requêtes de Semenya", a expliqué Matthieu Reeb, secrétaire général de l'instance juridique de recours. "C'est à l'IAAF maintenant de travailler sur son règlement pour l'adapter en fonction des réserves posées par le TAS."
Trois points posent particulièrement problème aux experts: d'abord, la difficulté d'appliquer un principe de responsabilité objective en fixant un seuil de taux de testostérone à respecter; ensuite, la difficulté de prouver un véritable avantage athlétique chez les athlètes hyperandrogènes sur les distances du 1500 m et du mile; enfin, les éventuels effets secondaires du traitement hormonal.
Selon une source proche du dossier, l'IAAF "a déjà modifié son règlement en répondant à la première réserve".
S'il ne s'agit pas d'une victoire totale pour l'IAAF, le jugement du TAS est une défaite pour Semenya, double championne olympique du 800 m, et pour les autres athlètes hyperandrogènes qui devront se soumettre à un règlement spécifique, même une fois modifié.
Si le TAS a estimé que le règlement sur les DDS (différences de développement sexuel) était bien "discriminatoire", il a en revanche jugé, sur la base des preuves soumises par les parties au cours de la procédure, qu'une "telle discrimination constituait un moyen nécessaire, raisonnable et proportionné d'atteindre le but recherché par l'IAAF, à savoir de préserver l'intégrité de l'athlétisme féminin dans le cadre de certaines disciplines (du 400 m au mile)".
Caster Semenya, comme les médaillées de bronze et d'argent sur 800 m aux JO de Rio en 2016, Francine Niyonsaba (Burundi) et Margaret Wambui (Kenya), ont été reconnues hyperandrogènes, c'est à dire générant naturellement un taux de testostérone très élevé.
- D'autres appels possibles -
Si le TAS a rejeté le recours de Semenya, "peut-être d'autres athlètes vont-elles à leur tour faire appel, on ne peut pas exclure d'autres possibles nouveaux cas", a encore estimé M. Reeb.
En février, les avocats de la championne sud-africaine avaient plaidé pour la tolérance envers les athlètes présentant "des variations génétiques". Ils estimaient que le nouveau règlement de l'IAAF "tente de manière erronée et douloureuse de régir les caractéristiques sexuelles des athlètes femmes".
De son côté, l'IAAF argumentait que si des athlètes avec des DDS présentent des niveaux de testostérone masculins, il est nécessaire de "préserver l'équité de la compétition féminine" et donc de demander à ces athlètes de "réduire leur taux de testostérone avant une compétition internationale".
Pour certains experts scientifiques, priver Caster Semenya de compétition à cause de son taux élevé de testostérone reviendrait à exclure des basketteurs parce qu'ils sont trop grands.
Pour Sheree Bekker, de l'Université de Bath (Grande-Bretagne), le règlement de l'IAAF est basé sur une définition "binaire" du genre qui n'a plus lieu d'être.
"Il est de ce fait injuste et contraire à l'éthique de la part de l'IAAF d'adopter de nouvelles règles s'appliquant aux athlètes féminines, ayant pour effet d'en exclure certaines, sur la base de définitions dépassées", estime l'universitaire.
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