Le dénouement de ce dossier est attendu mercredi. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) doit valider ou non le nouveau règlement imposé par l'IAAF aux femmes qui, comme la championne olympique, produisent naturellement trop de testostérone.
Si c'est le cas, les athlètes concernées devront faire baisser avec des médicaments leur taux de testostérone pour pouvoir participer aux épreuves internationales de demi-fond du 400 m au mile (1609 m).
Depuis le début de cette affaire, l'Afrique du Sud a fait bloc derrière "Caster", la "lueur d'espoir" de toute une nation comme l'a surnommée le président Ramaphosa.
Depuis plusieurs saisons, la jeune femme de 28 ans accumule les récompenses: triple championne du monde (2009, 2011, 2017) et double championne olympique du 800 m (2012, 2016).
"Tu cours seule sur la piste, mais sache que tu cours avec 57 millions de personnes et même plus", a déclaré le chef de l'Etat en février au début de la bataille judiciaire.
La ministre sud-africaine des Sports Tokozile Xasa a fait le déplacement en février à Lausanne, siège du TAS, pour défendre l'athlète et dénoncer "les atteintes portées aux corps de femmes".
"Ce règlement semble viser spécifiquement Caster Semenya", puisque seules quelques épreuves sont concernées par cette nouvelle réglementation, a souligné la ministre.
Pour l'occasion, Tokozile Xasa avait enfilé un polo sombre floqué de la mention "Nous nous opposons aux règles de l'IAAF".
Les députés sud-africains, toutes étiquettes politiques confondues, ont fait de même. Lors d'un débat consacré à l'affaire Semenya, ils ont siégé avec des tee-shirts "On dit NON à la stigmatisation des femmes dans le sport" et "Nous nous opposons à la haine feutrée".
"Ce qui se passe contre Caster est la pire forme de racisme", a estimé le député Nhlanhlakayise Khubisa, du Parti national pour la liberté (NFP).
'Une inspiration'
"Ces idées préconçues sur l'apparence du corps de la femme et sur ses performances sont profondément sexistes", a jugé de son côté la ministre des Femmes, Bathabile Dlamini.
Caster Semenya, qui a dû affronter de nombreuses questions sur sa féminité depuis son premier titre mondial en 2009, assure que ce nouveau règlement est destiné à la "ralentir", elle qui est "incontestablement une femme".
Quelques jours avant le verdict du TAS, l'athlète a remporté le titre de championne d'Afrique du Sud du 5.000 m, une distance à laquelle elle ne s'attaquait que pour la deuxième fois de sa carrière. Elle s'est aussi imposée sur 1.500 m.
Sur la piste de Germiston, dans l'est de Johannesburg, où se tenaient les championnats, les sportifs interrogés par l'AFP se sont unanimement rangés derrière Caster Semenya.
"Elle est une grande source d'inspiration pour nous", a témoigné Liezel Tron, athlète de 17 ans. "Laissez la tranquille. Elle est ainsi faite, ce n'est pas sa faute", a-t-elle ajouté.
"Ce qu'on lui fait subir est injuste (...) Comment est-il possible qu'aujourd'hui on puisse soulever de telles questions ?", a renchéri sous couvert d'anonymat un sprinter masculin, "fan à 100%" de Caster Semenya.
'Humiliant'
Pour soutenir son héroïne nationale, le gouvernement sud-africain a lancé une campagne baptisée #Naturellement supérieure.
"Il s'agit d'une campagne pour dénoncer les règles injustes de l'IAAF. Avec Caster, nous avons (...) une victime humaine de ce règlement", a expliqué Mokoditloa Eliakim Moemi, directeur général du ministère des Sports.
L'IAAF soutient que sa nouvelle réglementation, suspendue dans l'attente du verdict du TAS, est destinée à "préserver l'équité de la compétition féminine".
Les avocats de Caster Semenya accusent l'IAAF de "tenter de manière erronée et douloureuse de régir les caractéristiques sexuelles des athlètes femmes".
Dans une rare intrusion dans le monde du sport, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a apporté en mars son soutien unanime à Caster Sermenya.
Avant le verdict la concernant, le magazine Time a d'ores et déjà choisi de compter Caster Semenya parmi les 100 personnalités les plus influentes de 2019. "Semenya nous a appris que le sexe n'est pas toujours binaire", a expliqué Time.
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