"Nous voulons apporter l'expérience historique de la réconciliation et de la coopération active entre l'Allemagne et la France. C'est pertinent au regard du contexte historique des Balkans", a indiqué la présidence française avant les entretiens prévus lundi pendant quatre heures à partir de la fin d'après-midi.
Compte tenu des contentieux entre Belgrade et Pristina, Berlin reste prudent sur les objectifs.
Le gouvernement allemand parle d'un "échange de vue" visant à promouvoir la "stabilité de la région et en particulier de trouver un moyen pour relancer le dialogue entre la Serbie et le Kosovo".
Il y a deux décennies, une guerre avait fait perdre à Belgrade le contrôle du territoire kosovar. Mais la Serbie considère toujours le Kosovo comme une de ses provinces.
Paris et Berlin ont aussi convié à ces discussions des dirigeants d'autres pays des Balkans: Monténégro, Albanie, Macédoine du Nord, Croatie, Slovénie ou Bosnie-Herzégovine.
L'initiative franco-allemande s'ajoute à des pourparlers, sous l'égide de l'Union européenne, en vue d'un rapprochement Serbie-Kosovo. Ceux-ci sont au point mort depuis des mois.
Echange de territoires?
L'été dernier, le dialogue semblait pouvoir repartir en s'appuyant sur l'idée, défendue par les présidents serbe Aleksandar Vucic et kosovar Hashim Thaçi, d'"échanges de territoires" ou de "corrections frontalières", avant une reconnaissance mutuelle.
Le chef d'Etat serbe espérait manifestement accélérer ainsi la marche de son pays vers une adhésion à l'UE. Le projet est toutefois loin de faire l'unanimité à l'intérieur des deux pays et en Europe.
La diplomatie allemande y voit un risque de réveiller les vieux démons balkaniques, dans une zone déchirée par les guerres durant les années 1990.
Cela "pourrait poser un risque pour la région", a fait valoir une porte-parole du gouvernement allemand, Ulrike Demmer.
Si elle ne le dit pas officiellement, la France est beaucoup plus ouverte, tout comme les Etats-Unis et certains responsables de l'UE.
Depuis, cette initiative a été tuée dans l'oeuf par l'obstruction serbe à la candidature du Kosovo à Interpol, puis par la décision de Pristina d'imposer des droits de douane de 100% sur les produits d'importation serbes.
Le chef du gouvernement kosovar affirme que cette mesure commerciale punitive sera maintenue tant que Belgrade ne fera pas preuve de souplesse sur la reconnaissance de l'indépendance de son pays.
De son côté, la Serbie refuse de revenir à la table des discussions organisées par l'UE tant que ces droits n'auront pas été supprimés.
Retrouvailles Merkel-Macron
Des deux côtés, les attentes à Berlin sont très mesurées.
"A l'heure actuelle je ne vois pas bien comment et de quoi parler avec Pristina", a affirmé le président serbe la semaine dernière lors d'une visite à Pékin.
Il a ajouté "respecter" les efforts d'Emmanuel Macron et Angela Merkel. "Je suis sûr qu'ils sont plus intelligents que moi et qu'ils auront une idée".
Au Kosovo, le président Hashim Thaçi a jugé que le sommet "pourrait ouvrir des opportunités" ou être "décevant".
En marge de la question des Balkans, la rencontre entre la chancelière allemande et le chef d'Etat français sera la première depuis les critiques inhabituelles exprimées par Emmanuel Macron la semaine dernière à l'encontre de Berlin.
Qu'il s'agisse du Brexit, des relations commerciales avec les Etats-Unis ou des dossiers économiques, Paris ne cache plus sa frustration à l'égard du gouvernement Merkel, dans un contexte envenimé par la proximité des élections européennes.
Le sommet des Balkans sera également l'occasion pour Paris "de réengager la France d'une façon plus active dans la région des Balkans occidentaux", a indiqué la présidence française.
M. Macron effectuera une visite à Belgrade "cette année", a ajouté l'Elysée. Celle prévue en décembre avait été annulée à cause de la crise des "gilets jaunes".
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