Quand la compétition européenne des clubs s'appelait encore "Coupe féminine de l'UEFA", seul Arsenal, pionnier parmi les grands noms à ouvrir une section dames de premier plan, a remporté le trophée continental en 2007. Dans un écosystème dominé, à l'époque, par des structures exclusivement féminines.
Depuis qu'elle a été renommée "Ligue des champions" en 2009, comme son prestigieux équivalent chez les garçons, tous les concurrents du club anglais ont pris le train en marche. Et c'est Lyon, avec cinq sacres (2010, 2011, 2015, 2016, 2017) et sept finales lors des neuf dernières saisons, qui fait désormais figure de géant.
Dix ans plus tard, la progression est éclatante: la grande majorité des clubs issus des cinq meilleurs championnats européens ont investi massivement dans la discipline.
En France, sur les 40 clubs professionnels engagés en Ligue 1 et Ligue 2, 36 d'entre eux possèdent une section féminine dédiée, dont 9 en D1 féminine et 9 autres en D2 féminine.
Idem en Espagne, où la plupart des clubs majeurs, à l'exception notable du Real Madrid, disposent d'une équipe professionnelle chez les filles. Avec en prime, le record mondial d'affluence pour un match féminin de clubs (60.739 spectateurs), réalisé en mars dernier pour le choc Atlético Madrid - FC Barcelone.
"Bonne image"
Même en Italie, longtemps en retard par rapport à ses voisins, le mouvement s'accélère en raison notamment de l'obligation récemment imposée aux clubs professionnels par la fédération d'avoir des équipes féminines, au moins dans les catégories jeunes.
Huit des 12 équipes du championnat féminin étaient liées à des clubs dont les formations masculines évoluent en Serie A ou en Serie B, à l'image de la Juventus Turin ou la Fiorentina.
Quel est l'intérêt profond des grands clubs européens à ouvrir une section féminine ?
"Cela donne une bonne image. Je sais qu'à Lyon, le président (Jean-Michel) Aulas s'en est servi pour l'image du club à un moment donné. C'était important", explique à l'AFP Patrice Lair, ancien entraîneur de la section féminine du club lyonnais (2010-2014) et du PSG (2016-2018).
"De mon côté, je savais que le seul endroit où je pouvais devenir champion d'Europe, c'est dans le foot féminin ! Je n'avais pas la prétention de pouvoir entraîner chez les garçons le Real Madrid ou Barcelone. Il faut rester à son niveau."
Et pourtant, certains comme le prestigieux club madrilène, résistent toujours.
Le président du Real Madrid Florentino Pérez avait dit, en 2016, à l'AFP qu'il refusait de se précipiter car il voulait une équipe "leader" dans son domaine.
"Ce n'est pas à moi de décider, a récemment déclaré son entraîneur Zinédine Zidane. Je pense qu'il y aura une évolution naturelle et que le club prendra certainement des décisions. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on voit que cela prend une ampleur, et pour les femmes, c'est bien."
"Potentiel énorme"
Les derniers freins s'expliquent-ils par une rentabilité et des retombées marketing encore loin d'atteindre le niveau du foot masculin ?
"La grosse différence par rapport aux garçons, c'est que cela ne rapporte pas. Si vous n'avez pas des présidents qui investissent de l'argent comme à Lyon, à Montpellier, à Paris, c'est compliqué", souligne Patrice Lair.
"Certes, cela nécessite un grand investissement mais à long terme, cela va porter ses fruits", rétorque auprès de l'AFP Nadia Nadim, l'attaquante danoise du PSG, passée notamment par Manchester City (2018-2019).
"C'est un marché potentiel énorme. Au Danemark, il y a plus de filles que de garçons qui jouent au foot donc c'est la bonne décision", ajoute-t-elle, alors que le nombre total de joueuses licenciées en Europe a atteint plus de 1,27 million en 2017.
En Angleterre, les sponsors l'ont déjà bien compris.
La banque Barclays, sponsor de la Premier League masculine entre 2004 et 2016, est devenue, fin mars dernier, le sponsor titre du championnat anglais de football féminin pour un montant estimé à 10 millions de livres (environ 11,5 millions d'euros).
Le début d'un grand boom à venir après le Mondial ?
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