Recherché par les autorités, l'homme était le chef du National Thowheeth Jama'ath (NTJ), mouvement jihadiste local accusé par Colombo d'avoir perpétré ces attentats qui ont visé des églises et des hôtels de luxe dimanche matin. Son sort depuis cinq jours était jusqu'ici inconnu et il faisait figure de suspect numéro un dans la chasse à l'homme des forces de l'ordre.
"Ce que les services de renseignement m'ont dit c'est que Zahran a été tué dans l'attaque du Shangri-La" dimanche matin, a déclaré le président Maithripala Sirisena lors d'une rencontre avec la presse. Zahran Hashim a mené l'attaque suicide contre l'établissement hôtelier haut de gamme de la capitale avec un second kamikaze, identifié comme "Ilham", a précisé le chef de l'État.
Zahran Hashim apparaissait sur une vidéo publiée par le groupe jihadiste État islamique (EI), qui a revendiqué ces attentats, où on le voyait mener sept hommes dans un serment d'allégeance au chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi. Il était âgé d'une quarantaine d'années et originaire de la région orientale de Batticaloa, où l'un des kamikazes a frappé dimanche une église évangélique en pleine messe de Pâques.
La tension reste vive au Sri Lanka où la traque de suspects continue. Les forces de sécurité ont interpellé près de 75 personnes depuis dimanche en lien avec ce bain de sang, dont le bilan humain a été revu fortement à la baisse jeudi soir.
Les autorités ont ramené le nombre officiel de morts à 253, contre 359 précédemment, expliquant que des corps terriblement mutilés de victimes avaient été comptés plusieurs fois par erreur. Sur les 485 personnes ayant été hospitalisées pour des blessures, 149 restaient à l'hôpital jeudi soir, selon le ministère de la Santé.
Nouveaux attentats 'probables'
Du Royaume-Uni à Israël en passant par les Pays-Bas, plusieurs pays ont appelé leurs ressortissants à éviter de se rendre au Sri Lanka ou à quitter le pays s'ils s'y trouvent. L'Australie a jugé vendredi "probable" que de nouveaux attentats y soient commis.
La polémique gronde sur l'incapacité des décideurs sri-lankais à empêcher les attentats suicides en amont. Dans ce contexte, deux hauts responsables ont démissionné.
Le plus haut responsable du ministère de la Défense a démissionné jeudi, disant "accepter la responsabilité" de cet échec, a rapporté à l'AFP une source ministérielle. Vendredi, le président a annoncé la démission du chef de la police.
Colombo, qui a reçu l'aide d'une équipe du FBI pour l'enquête sur le carnage, a reconnu une "défaillance" de l'État en matière de sécurité, les autorités n'ayant pas su empêcher ce bain de sang alors qu'elles disposaient d'informations très précises.
Une alerte rédigée le 11 avril par le chef de la police, prévenant que le NTJ préparait des attentats, n'a pas été communiquée au Premier ministre et à des ministres de haut rang, dans un contexte de lutte de pouvoir entre le chef de gouvernement et le président Sirisena - qui est également ministre de l'Intérieur et de la Défense.
À plusieurs reprises avant les attaques de Pâques, l'Inde a averti le Sri Lanka du risque d'attentats suicides, a rapporté jeudi à l'AFP une source proche du dossier. New Delhi avait mis la main sur des contenus "menaçants", dont des vidéos, lors d'arrestations dans le sud du pays de personnes soupçonnées de liens avec l'EI.
"Les vidéos montraient un leader radical au Sri Lanka qui tenait des propos menaçants indiquant que des attaques suicides étaient possibles", a précisé la source, qui a requis l'anonymat. Selon la presse indienne, l'homme sur les images est Zahran Hashim, le chef du NTJ.
Le Sri Lanka a suspendu un projet d'exemptions de visa touristique qui était destiné à doper la fréquentation en basse saison. Les attentats pourraient dissuader de nombreux voyageurs de se rendre dans cette île prisée pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante, qui avait connu une année record en 2018 avec 2,33 millions de touristes.
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