L'ex-leader des Chats Sauvages "s'est éteint d'un cancer à l'hôpital américain", a annoncé à l'AFP son manager, Denis Sabouret.
Il aura été emporté au même âge que "Johnny" en décembre 2017, par la même maladie. Mais contrairement à l'idole des jeunes, lui n'aura pas droit à un immense hommage populaire.
"Il était le rock personnifié. C'était un type extrêmement authentique, déterminé dans sa démarche, qui n'a jamais dévié et qui est un peu l'image de la droiture", a commenté sur RTL Francis Cabrel, que Rivers considérait comme un de ses plus fidèles amis dans le métier.
"Il a contribué à populariser le rock'n'roll en France. Chacun se souviendra longtemps des Chats Sauvages, de sa belle amitié avec Alain Bashung et de sa voix reconnaissable entre toutes. Dick Rivers nous quitte. Pas la passion de la musique qu'il nous a transmise" a tweeté le ministre de la Culture Franck Riester.
Autre réaction, celle du maire de Nice, ville natale du rocker qu'il a placée sur la carte du rock français en 1984 avec son tube "Nice baie des Anges".
"Sa musique, ce rock'n'roll formidable, nous parlait d'un temps d'optimisme, de jeunesse, de rébellion aussi", a déclaré Christian Estrosi dans un communiqué, tandis que l'OGC Nice, lui dédiera son match de Ligue 1 de football dimanche face à Guingamp.
Connu notamment pour sa célèbre "banane", Hervé Forneri - son vrai nom - restera l'une des plus célèbres voix du rock'n'roll à la française. Mais contrairement à Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell, lui était résolument resté ancré dans cette esthétique sans s'essayer à la variété, quitte à en pâtir médiatiquement.
"J'ai souffert d'avoir été le troisième larron du rock français", confessait dans son autobiographie, "Mister D" (2011), celui qui aura marché dans les pas de ses idoles américaines, Elvis Presley, Johnny Cash, Gene Vincent...
"Noblesse de l'interprétation"
Auteur de 35 albums, en 55 ans de carrière, il connaît très vite le succès dans les années 60 avec des tubes tels que "Est-ce que tu le sais?", adapté de "What'd I Say" de Ray Charles, et "Twist à Saint-Tropez", au sein des Chats Sauvages. En solo, il sort en 1969 un ovni, "L'?", réalisé avec Gérard Manset et Alain Chamfort. Les années 70, marquées par ses collaborations avec Alain Bashung, sont celles d'autres hits comme "Tu n'es plus là" ou "Maman n'aime pas ma musique".
A partir des années 80, on l'entend moins. Il apparaît comme le parent pauvre des ex-idoles yéyés, faisant même rire, à son insu, quand Didier L'embrouille, incarné par Antoine De Caunes, crie son amour pour "Dick" à Nulle Part Ailleurs.
"1945-2019. Un monument de la pop culture vient de s'effondrer. Didier est triste (...)", lui a d'ailleurs rendu hommage l'animateur sur Twitter.
Après un sursaut notable avec l'album "Plein Soleil" (1995) baigné de ballades country, les années 2000 lui réservent un autre retour de flamme avec "L'homme sans âge" (2008) écrit et composé par Joseph d'Anvers.
"A l'époque j'écrivais pour Alain Bashung et lui. Quand je disais Bashung, les gens réagissaient par un +whaou!+ et pour Dick ils souriaient poliment. Mais le disque dans lequel il chantait l'âge, la mort, a été bien accueilli. C'était une fierté", témoigne à l'AFP Joseph D'Anvers, pour qui "il incarnait la noblesse de l'interprétation".
Dick Rivers rappela l'an passé que sa voix grave et profonde avait finalement peu d'équivalent en France, dans un duo avec Julien Doré pour la reprise du tube de Rose Laurens "Africa". Julien Doré n'a pas manqué d'exprimer sa tristesse en postant sur Twitter une image du clip où Dick fait un au revoir de la main, accompagnée de ces mots: "Bon voyage mon ami".
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