British Steel, potentiel sauveur des 270 salariés de l'aciérie de Saint-Saulve (Nord), est le deuxième groupe sidérurgique au Royaume-Uni derrière le géant Tata Steel, alors même qu'il n'a pas encore fêté ses trois ans d'existence.
La société est issue de son désormais concurrent Tata Steel, numéro un britannique, puisqu'elle est née du rachat de sa division européenne de produits longs (rails, section de construction) au printemps 2016 par le fonds d'investissement Greybull Capital.
Ce dernier a choisi un symbole fort en donnant à ces activités le nom de "British Steel", soit celui que portait la société nationale de la sidérurgie britannique privatisée à la fin des années 1980 sous Margaret Thatcher.
Les actifs rachetés pour la somme symbolique d'une livre comprenaient en particulier des sites à Scunthorpe (nord de l'Angleterre) et à Hayange (Moselle) en France, où British Steel est donc déjà présent.
Le groupe se concentre sur la niche des produits longs, dont la demande est forte notamment dans le secteur ferroviaire et de la construction. La SNCF et Network Rail, le propriétaire du réseau britannique, sont parmi ses clients les plus importants.
Quelque 2,8 millions de tonnes d'acier par an sortent des usines de la société, qui emploie environ 5.000 personnes au total.
Greybull a misé sur la sidérurgie européenne malgré l'afflux dans cette zone géographique de masses d'acier à prix cassé importé de Chine et alors que les repreneurs de sites en difficulté ne se bousculent pas.
Il a choisi en outre de bâtir un groupe européen à partir du Royaume-Uni en pleine incertitude sur le Brexit, avec à la clé des échanges potentiellement moins fluides avec le continent.
Greybull a redressé les activités qu'il a rachetées, revenues au bénéfice en 2017, en investissant 400 millions de livres et en réduisant les coûts, notamment par des baisses de salaires des employés de Scunthorpe.
Il a par la suite renforcé le groupe en rachetant l'aciériste néerlandais FN Steel.
Une affaire de famille
L'acquisition d'Ascoval permettrait à British Steel d'asseoir un peu plus son statut de sidérurgiste européen. L'entreprise n'a toutefois pas souhaité commenter le dossier, qui doit être tranché le 2 mai. "Il serait déplacé pour nous de faire un commentaire à ce moment du processus", a déclaré un porte-parole interrogé par l'AFP.
L'intérêt de British Steel pour Ascoval confirme l'attrait des Britanniques pour une industrie métallurgique française quelque peu délaissée. Il intervient en particulier au moment où le groupe GFG Alliance du magnat indo-britannique Sanjeev Gupta a mis la main sur une immense fonderie d'aluminium à Dunkerque en promettant de "réindustrialiser la France".
La reprise d'Ascoval pourrait par ailleurs braquer les projecteurs sur Greybull Capital, un fonds spécialisé dans le redressement d'entreprises, qui est entouré de mystère et peu disert sur ses intentions.
Tout juste sait-on que le fonds a été mis sur pied en 2010 notamment par les frères Marc et Nathaniel Meyohas, des Français quadragénaires, avec des bureaux nichés au cœur du très chic quartier londonien de Knightsbridge.
"Nous ne cachons pas le fait que nous sommes un family office (gestionnaire de grandes fortunes familiales, ndlr) et donc nous n'avons pas besoin de crier sur les toits ce que nous faisons", avait expliqué Marc Meyohas, interrogé par le quotidien The Guardian en avril 2016, dans un de ses rares entretiens. Son frère Nathaniel a toutefois quitté le fonds en fin d'année dernière, d'après le Times.
Le fonds a connu plusieurs revers, en accompagnant des entreprises britanniques qui ont fini par déposer le bilan comme les magasins d'électroménager Comet. Le cas le plus emblématique reste celui la compagnie aérienne Monarch, qui a fait faillite en 2017 et disparu du jour au lendemain.
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