"On reste confiants" sur l'issue "qui devrait être favorable", a commenté le président d'Ascoval, Cédric Orban, à l'issue de l'audience mercredi devant la chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg.
Cette audience était considérée comme celle de la dernière chance dans ce dossier, emblématique de la désindustrialisation et devenu un marqueur de la politique industrielle du quinquennat Macron.
La justice devait examiner mercredi quatre offres déposées par le sidérurgiste britannique British Steel, qui a présenté mercredi une offre améliorée, le fabricant italien d'aciers spéciaux Calvi Networks, le fonds SecuFund Industry et l'industriel régional Pascal Cochez.
British Steel est bel et bien "le seul projet sérieux", a souligné Me Guilhem Brémond, avocat d'Ascoval à l'issue des débats. Le sidérurgiste dispose d'une "excellente offre à tout point de vue", avec notamment une "reprise de l'ensemble du personnel", a abondé M. Orban.
Calvi Networks, dont le projet était également jugé solide, a en revanche retiré son offre dès le début de l'audience, faute d'avoir bouclé son plan de financement, a indiqué Bruno Kopzinski, porte-parole de l'intersyndicale d'Ascoval et délégué CFDT.
Un retrait de nature à inquiéter un peu plus encore les salariés d'Ascoval, dont les nerfs ont été déjà rudement mis à l'épreuve ces derniers mois par les multiples rebondissements du dossier.
La situation est "éprouvante", a lâché M. Kopzinski après l'audience, même si, selon M. Orban, Calvi cherche encore "à conclure un accord commercial avec celui qui reprendra Ascoval".
Quant aux deux autres candidats -le fonds SecuFund Industry et l'industriel régional Pascal Cochez-, ils ont été jugés peu crédibles par les acteurs du dossier même s'ils demeurent formellement toujours en lice.
"Aucun point majeur"
Reste un dernier obstacle à lever impérativement avant la date fatidique du 2 mai, selon M. Orban : une clause suspensive avec Vallourec qui détient encore 40% des engagements de commandes de l'aciérie.
M. Orban a affirmé ignorer le détail de cette clause suspensive mais assure qu'elle quelle ne comporte "aucun point majeur" et que toutes les autres ont été levées.
Le 27 mars, les magistrats strasbourgeois avaient accordé un énième délai, un mois après le désistement surprise en décembre d'un repreneur potentiel, le groupe franco-belge Altifort. Cet épisode avait été vécu comme une véritable douche froide par les salariés, désormais 270 après une dizaine de démissions et de départs en retraite.
Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, l'aciérie qui fabrique des tubes d'aciers spéciaux attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, auquel le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l'usine.
Mardi à Paris, les représentants syndicaux avaient remis à l'administrateur judiciaire un avis "consultatif", joint au dossier. L'avis se voulait "prudent": avis neutre pour les projets de British Steel et Calvi, défavorable pour les deux autres, selon un salarié proche du dossier.
Selon Nacim Bardi, délégué CGT, British Steel anticipe le Brexit et les économies de taxe carbone qu'elle pourrait réaliser avec cette aciérie tournant à l'électricité face aux hauts fourneaux d'outre-Manche, tandis que Calvi aurait eu besoin d'une aciérie pour posséder une filière intégrée.
"On n'a pas le droit de redonner un nouveau faux espoir à nos collègues (...) on est à bout", a averti avant l'audience Bruno Kopzinski.
"Je souhaite qu'enfin ça finisse et qu'on ait la vraie fin de l'histoire (...) On s'est quand même fait brûler les ailes quelquefois et on va rester méfiants jusqu'au bout", avait-il enchaîné, lâchant : "les gens sont à bout, on est à bout".
Faute de nouvelles commandes, la production de l'aciérie est à l'arrêt depuis vendredi mais Ascoval compense la perte de salaire engendrée par le chômage technique, a assuré à l'AFP une source proche de la direction.
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