L'île de 21 millions d'habitants est restée silencieuse durant trois minutes à 08H30 locales (03H00 GMT), heure de la première explosion de bombe de kamikaze deux jours auparavant, à l'église catholique Saint-Antoine de Colombo.
Le gouvernement a décrété une journée de deuil national. Les magasins vendant de l'alcool sont fermés, les drapeaux sont en berne et les radios et télévision doivent adapter leur programmation musicale.
À l'église Saint-Antoine, des dizaines de personnes ont prié en silence, des bougies à la main, certaines retenant à grand peine leurs larmes. À l'issue des trois minutes de silence, la foule a entamé une prière à voix haute.
À une trentaine de kilomètres au nord de là, dans la localité de Negombo, une messe commémorative se déroulait également dans la matinée à l'église Saint-Sébastien, autre lieu d'un attentat suicide visant la minorité chrétienne. Des cercueils étaient amenés à tour de rôle sur des tables, devant des proches secoués de sanglots.
"Il y a tant de corps que nous ne pouvons pas les présenter tous en même temps", a expliqué à l'AFP Anthony Jayakody, évêque auxiliaire de Colombo qui célébrait la messe.
Dans le même temps le Sri Lanka poursuit sa traque des responsables des attentats, imputé par les autorités à un groupe islamiste jusqu'ici peu connu, le National Thowheeth Jama'ath (NTJ). L'état d'urgence est entré en vigueur lundi minuit (18H30 GMT) pour donner une plus grande latitude aux forces de sécurité.
La police locale a procédé à de nouvelles arrestations, portant à 40 le nombre de personnes interpellés. Le bilan humain est lui passé de 290 à 310 morts après que des blessés ont succombé à leurs blessures.
39 étrangers ont péri dans ces attaques, a indiqué un haut responsable de la police à l'AFP.
Crise au sommet de l'Etat
Les enquêteurs cherchent à déterminer si le NTJ a pu bénéficier d'un soutien logistique étranger. Le principal fait d'armes de ce mouvement jusqu'ici était la dégradation de statues bouddhiques en décembre dernier.
Le porte-parole du gouvernement sri-lankais, Rajitha Senaratne, a indiqué avoir "du mal à voir comment une petite organisation dans ce pays peut faire tout cela". "Nous enquêtons sur une éventuelle aide étrangère et leurs autres liens, comment ils forment des kamikazes, comment ils ont produit ces bombes", a-t-il dit.
L'organisation avait fait il y a dix jours l'objet d'une alerte diffusée aux services de police, selon laquelle elle préparait des attentats suicides contre des églises et l'ambassade d'Inde à Colombo.
D'après M. Senaratne, cette alerte n'avait pas été transmise au Premier ministre Ranil Wickremesinghe ou à d'autres ministres de haut rang. Un élément qui pourrait relancer la crise au sommet de l'État sri-lankais.
La police est en effet de la juridiction du président Maithripala Sirisena, qui est en conflit ouvert avec son chef de gouvernement. Il l'avait limogé à l'automne mais avait été forcé de le réinvestir après sept semaines de chaos politique. Les deux têtes de l'exécutif se vouent une animosité réciproque.
Huit explosions au total ont secoué dimanche ce pays prisé des touristes pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante
A Colombo, trois hôtels de luxe en front de mer ainsi qu'une église ont été frappés par des kamikazes. Des bombes ont aussi explosé dans une église à Negombo et dans une autre à Batticaloa (est).
Quelques heures plus tard, deux nouvelles déflagrations sont survenues dans un hôtel de Dehiwala, banlieue sud de Colombo, et à Orugodawatta, dans le nord de la capitale.
Environ 1,2 million de catholiques vivent au Sri Lanka, un pays majoritairement bouddhiste (70%) qui compte aussi 12% d'hindous et 10% de musulmans.
Les ambassades étrangères au Sri Lanka ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter tout déplacement non impératif. Les États-Unis ont, dans leurs conseils aux voyageurs, évoqué la possibilité de nouvelles attaques.
Une bombe artisanale a été désamorcée dimanche soir près de l'aéroport de Colombo. Une autre a explosé lundi après-midi dans une camionnette garée dans une rue de la capitale durant l'intervention de l'équipe de déminage, sans faire de blessés.
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