Les 13 millions d'abonnés à sa chaîne YouTube l'ont compris depuis longtemps: à l'instar du rappeur Orelsan dont le pseudonyme est constitué de son surnom (Orel) et du suffixe japonais "san" (Monsieur ou Madame), ce touche-à-tout autodidacte (comédien, scénariste, dessinateur) nourrit un appétit particulier pour l'archipel et ses créations, "une source d'inspiration".
Pendant une semaine, il a tourné avec une équipe franco-japonaise un film d'une douzaine de minutes dont le thème - les tribulations d'un jeune Français qui veut devenir dessinateur de manga à Tokyo - est l'illustration même de ce tropisme Japon.
"Depuis que j'ai des souvenirs, cette culture nous a été servie dans des histoires incroyables à travers les mangas, les dessins animés", confie l'acteur entre deux prises à vélo, cheveux décolorés pour l'occasion, au milieu d'un quartier résidentiel de la capitale japonaise.
"J'étais fasciné par le style, le dynamisme, la drôlerie", raconte le jeune homme qui en est à son cinquième séjour à Tokyo. "Je me souviens très bien par exemple des premiers Dragon Ball qui étaient hilarants, et au fur et à mesure, j'ai continué à lire des mangas, plus pour ados puis adultes, et j'ai appris énormément sur la société japonaise grâce à cela".
Sa capacité à "raconter des histoires" lui vient aussi des auteurs de romans japonais qu'il a lus. "Même la littérature m'a influencé".
"Sur la Lune"
Celui qui aura 30 ans en mai et fut un des pionniers de la vidéo autoproduite en ligne, entre coups de gueule, parodies et caricatures sociales, ne voulait pas se contenter d'être touriste au Japon. "Je voulais revenir avec un projet plus large, travailler avec des Japonais, être davantage en contact avec eux".
Alors que des générations antérieures n'avaient d'yeux et d'oreilles que pour la culture américaine et, du Japon, l'image d'un "pays de fourmis" trimant jour et nuit, Cyprien appartient à cette jeunesse qui trouve dans l'archipel autre chose. "J'aime bien les vieux pays avec une forte histoire et avec des habitudes de vie très différentes des nôtres en Europe", dit-il.
"Le Japon, c'est à la fois un pays capitaliste et très développé comme la France. Mais en même temps j'ai l'impression ici d'être sur la Lune, je m'y sens bien et n'ai pas l'impression d'être complètement paumé, mais en fait, je le suis quand même".
A sa façon, avec sa fausse-vraie naïveté, Cyprien, qui se moque aussi de ses balbultiements en langue nippone, s'amuse en outre à débusquer les petites particularités du Japon et des Japonais qui sont autant d'étrangetés pour les regards français. Les salutations répétitives dans les commerces, les toilettes électroniques, la visière des mamies à vélo...
"Rien que de montrer le quotidien réel des Japonais, je trouve que c'est bien. Le vrai Japon est bien plus intéressant que les clichés. Je pourrais m'asseoir par terre et regarder les Japonais vivre".
Après le court-métrage et un vlog (vidéo-reportage) qui seront diffusés bientôt, le rêve suivant ? Un long film à Tokyo, ou un projet d'animation. "J'adore varier les plaisirs, YouTube étant la pierre angulaire de tout ça, mais j'aime bien essayer d'étonner et le Japon est une bonne matière première pour ça".
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