Comment l'issue d'une course d'endurance de 24 heures a-t-elle pu se dessiner sept petites minutes seulement avant le drapeau à damiers ? Comment, après plus de 830 tours du circuit Bugatti, soit 3.500 kilomètres à pleine vitesse sans interruption sur une même machine, deux motos ont-elles pu se retrouver roue dans roue, dans le même tour, à se battre pour la victoire ?
La magie de l'endurance, diront certains. D'autres souligneront plutôt le talent de deux pilotes. Celui de Randy de Puniet, l'ex-pensionnaire du MotoGP auteur au guidon de sa Honda N.111 d'un come-back que personne n'imaginait tant Kawasaki a maîtrisé sa course pendant 22 heures. Celui de son homologue Jérémy Guarnoni, exceptionnel lorsqu'il a été lancé par son manager Gilles Stafler comme "dernière carte" à 50 minutes du terme.
"Monde parallèle"
Ce scénario complètement fou, ils sont probablement peu à l'avoir cerné depuis les tribunes du Bugatti: entre neutralisation de course dans le dernier quart d'heure et stratégies de ravitaillement plus audacieuses les unes que les autres, le "money-time" a pris une vitesse folle.
Gilles Stafler lui-même n'y a rien compris: il s'est d'abord avoué vaincu au micro des organisateurs, avant de reprendre ses esprits et miser sur une erreur stratégique adverse, qui finira par arriver. "Je n'avais pas envie de finir deuxième, donc j'ai lancé Jérémy (Guarnoni). Quand il est sorti de son lit, il avait le couteau entre les dents", raconte-t-il sur le podium. Le pilote de 26 ans, étincelant tout le week-end, a en effet fait le boulot pour dépasser une moto N.111 à court de carburant. "J'étais dans un monde parallèle, j'ai oublié que je faisais une course d'endurance", sourit-il, en pleurs à l'arrivée pour sa première victoire aux 24 Heures.
"Au Mans, l'important est de gérer les relais car la course se joue sur 24 heures, et surtout à la fin", avait prédit l'intéressé auprès de l'AFP en début de week-end. Le Français ne s'est pas trompé.
Ce 14e succès pour Kawasaki, le premier depuis 2016 sur l'épreuve, conforte la place qu'occupe le constructeur japonais en haut du palmarès des 24 Heures, avec deux victoires de plus que ses rivaux domestiques Honda et Suzuki.
De Puniet maudit
Il couronne aussi un trio de pilotes homogène mêlant la fougue d'un Guarnoni à l'expérience d'un Erwan Nigon - couronné pour la seconde fois à 32 ans - et d'un David Checa, désormais triple lauréat de l'épreuve au lendemain de son 39e anniversaire.
Il souligne enfin la cruauté d'un tel résultat pour l'adversaire battu, en premier lieu Randy de Puniet. Celui-ci a tout vécu en 24 heures. La joie de signer les meilleurs chronos du week-end. L'euphorie de réaliser des dépassements phénoménaux, comme dans les 90 dernières minutes, ou au lever du jour devant la Suzuki N.2, qui terminera finalement 3e. Mais surtout le malheur de chuter, l'impuissance de devoir réparer un problème de phares à la nuit tombante, et l'amertume de voir une nouvelle épreuve de 24 heures lui "passer sous le nez", comme il l'évoquait en marge du week-end.
Et dire que le Français, qui n'a donc toujours pas gagné sur cette distance, évoluait six mois plus tôt au bon guidon, celui de la Kawasaki N.11...
Il ne sera pas le seul déçu. BMW, parti en pole position avec la moto N.6, espérait s'offrir une première victoire aux 24 Heures mais a dû renoncer. Le tenant du circuit et champion du monde en titre, la Honda N.1, a lui aussi vécu un calvaire mais a fini la course. La loi de l'endurance.
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