Le 4 avril, l'Armée nationale libyenne (ANL) de M. Haftar, l'homme fort de l'Est, a lancé une offensive contre le GNA de Fayez al-Sarraj, seul gouvernement reconnu par la communauté internationale. Depuis, l'ANL fait face à une résistance farouche des forces du GNA confortées par des renforts venus d'autres villes de l'Ouest.
Les combats, concentrés dans la banlieue sud de Tripoli, ont fait au moins 227 morts et 1.128 blessés, dont des civils, et poussé à la fuite quelque 30.000 déplacés, selon l'ONU.
Dans son traditionnel message de Pâques, le Pape François a souhaité dimanche "que les armes cessent d'ensanglanter la Libye", et exhorté "les parties concernées à choisir le dialogue plutôt que l'oppression, en évitant que s'ouvrent à nouveau les blessures d'une décennie de conflits et d'instabilité".
Les combats ont redoublé de violence samedi après une contre-attaque des forces du GNA qui ont réussi à gagner du terrain, en particulier à Aïn Zara, dans la banlieue sud de Tripoli, où les positions étaient figées depuis plusieurs jours.
Le porte-parole de l'ANL, Ahmad Al-Mesmari, n'a pas reconnu la perte de positions et accusé "l'ennemi de recevoir des renforts des terroristes d'Al-Qaïda, du groupe (jihadiste) Etat islamique et de mercenaires étrangers".
Dimanche, le front était calme. "Après une longue journée de succès militaires, nos forces consolident leurs (nouvelles) positions", a indiqué à l'AFP Moustafa al-Mejii, un porte-parole militaire du GNA.
Dans la nuit, de fortes explosions ont été entendues depuis le centre-ville. Des témoins ont fait état de raids aériens et d'attaques de drones contre la capitale.
Brève suspension des vols
Selon M. Mejii, il s'agit de frappes d'un hélicoptère de l'ANL équipé d'un matériel de vision nocturne, visant à "terroriser les civils". Il n'y a pas eu de victime.
Les vieux avions de chasse russes dont dispose les deux camps, des MiG ou Sukhoï, ne sont pas équipés pour mener des frappes de nuit, d'après des sources militaires.
Par mesure de sécurité, le trafic aérien a été suspendu durant quelques heures dans la nuit à l'aéroport de Mitiga, le seul à desservir Tripoli. Les vols ont ensuite repris, selon des sources aéroportuaires.
Cet aéroport à l'est de la capitale avait déjà été la cible le 8 avril d'un raid aérien revendiqué par l'ANL. Depuis, il est ouvert seulement pour les vols nocturnes (de 15H00 à 06H00 GMT).
Venues du sud et de l'est de la Libye et s'appuyant sur quelques groupes armés acquis à leur cause dans l'Ouest, les forces du maréchal Haftar ont progressé sans trouver de résistance jusqu'aux portes de la capitale. Les forces du GNA, aidées de milices alliés, ont ensuite lancé des contre-attaques.
Présent en Libye, l'émissaire de l'ONU Ghassan Salamé a mis en garde cette semaine contre un "embrasement généralisé" de ce pays pétrolier plongé dans le chaos avec des milices qui font la loi et une lutte de pouvoir depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après huit mois de révolte.
Appel à une mission de l'ONU
L'impasse persiste au Conseil de sécurité de l'ONU, où le Royaume-Uni s'est efforcé en vain, avec le soutien de l'Allemagne et la France, de faire approuver une résolution réclamant un cessez-le-feu et un accès humanitaire inconditionnel aux zones de combat.
Mais les Etats-Unis et Russie, pour une fois sur une même ligne, n'y sont pas favorables, au risque d'affaiblir les efforts de l'ONU dans ce dossier.
Samedi, la Maison Blanche a annoncé un entretien téléphonique lundi entre le président Donald Trump et M. Haftar sur une "vision commune pour la transition de la Libye vers un système politique démocratique et stable". M. Trump a "reconnu le rôle significatif du maréchal Haftar dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des ressources pétrolières de Libye".
"Nous avons remporté la bataille politique et nous avons convaincu le monde que les forces armées (de l'ANL) combattent le terrorisme", a jugé Ahmad Al-Mesmari.
Le GNA a demandé pour sa part au Conseil de sécurité l'envoi d'"une mission onusienne pour enquêter sur les atteintes et les violations commises par les forces de Haftar", qu'il accuse de viser des installations civiles et des quartiers résidentiels.
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