S'affrontent le candidat de la gauche au pouvoir, Stevo Pendarovski, celle de l'opposition de droite, Gordana Siljanovska-Davkova, et le représentant de la communauté albanaise, Belrim Reka.
"Je suis venue faire mon devoir en votant. Mais je ne pense pas que cela puisse avoir une quelconque signification. Pour nous, simples mortels, cela ne changera rien", dit après avoir voté Pavlina Gosheva, 53 ans, une infirmière de Skopje, résumant le sentiment majoritaire.
Si le rôle du président est honorifique, il s'agit du premier scrutin depuis que le petit pays balkanique s'est rebaptisé "Macédoine du nord", en vertu d'un accord avec la Grèce salué en Occident, notamment par les responsables de l'Union européenne.
En échange, Athènes, qui estimait que "Macédoine" était le nom exclusif de sa province autour de Thessalonique, a levé son veto à l'adhésion de son petit voisin à l'Otan et à l'ouverture de négociations avec l'UE, espérée pour juin. Le nom du Premier ministre social-démocrate Zoran Zaev a été évoqué comme lauréat potentiel du Nobel de la Paix, avec son homologue grec Alexis Tsipras.
"Coalition criminelle"
Cet enthousiasme n'a pas été contagieux auprès des 1,8 million d'électeurs, dont beaucoup restent mécontents de ce nouveau nom perçu comme le fruit d'un diktat de l'étranger. Surtout, la plupart sont d'abord préoccupés par un quotidien difficile marqué par la précarité économique.
Une fois n'est pas coutume, Ljupco Nikovski, 58 ans, et Emilija Stojanoska, 49 ans, sont d'accord à l'heure de désigner leur chef de l'Etat. Le premier, policier, est encarté au parti d'opposition de droite (VMRO-DPMNE), contre qui a manifesté il y a quelques années la seconde.
Ljupco Nikovski ne s'est "jamais senti aussi désespéré" et décrit l'ensemble des partis comme membres d'une "coalition criminelle qui se fiche de nos problèmes". Emilija Stojanoska estime avoir combattu la droite "pour rien" et ne voit "aucun changement" depuis l'arrivée au pouvoir il y a deux ans des sociaux-démocrates soutenus par les partis de la minorité albanaise (20 à 25% des 2,1 millions d'habitants).
Le pays reste enlisé dans le marasme économique avec plus de 20% de chômage, un salaire moyen qui stagne à 400 euros, et un exode massif de sa population, épuisée par la corruption, le clientélisme et le népotisme.
L'apathie est telle qu'il n'est pas certain que le scrutin accouche d'un successeur au nationaliste Gjorge Ivanov, faute d'atteindre la barre requise des 40% de participation pour valider le scrutin.
Sujets à caution, les sondages donnent une légère avance à Stevo Pendarovski et prévoient un second tour le 5 mai contre Gordana Siljanovska-Davkova.
Pour le référendum consultatif sur le changement de nom en septembre, les 40% n'avaient pas été atteints.
Crise politique
En cas de répétition, reconnaît Zoran Zaev, cela ouvrirait "une nouvelle crise politique" dans ce pays fragile, avec de possibles élections anticipées.
Seul ce risque a convaincu Jovan Dimitrovski, un ingénieur informatique de 37 ans, de venir voter: "Je me fiche des candidats", "ce qui m'importe c'est l'économie et je ne vois rien venir", "je ne vote que pour que le quorum soit atteint (...), je ne veux pas d'une nouvelle crise politique qui nous affecterait."
"L'apathie (...) en particulier celle des jeunes, Macédoniens comme Albanais, est immense", résume Nazim Rashidi, rédacteur en chef de la chaîne TV Alsat, de langue albanaise.
Ouvert à 05H00 GMT (07H00 locales), le scrutin sera clos à 17H00 GMT. Les premiers résultats sont attendus dans la soirée.
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