M. Maïga a présenté sa démission et celle de son gouvernement jeudi soir, moins d'un mois après la tuerie de quelque 160 civils peuls dans le centre du pays et une série de manifestations contre la gestion de l'Etat.
"Le président a des idées qu'il affine actuellement au sujet du Premier ministre. Je ne vous dirai pas qui il a reçu", a expliqué une source proche du Palais présidentiel. "C'est ce Premier ministre, une fois nommé, qui sous la responsabilité du président va mener les rencontres avec l'opposition et la majorité", a ajouté cette source, en précisant que "des membres de la société civile seront aussi consultés".
M. Maïga, nommé fin 2017, avait été reconduit en septembre 2018 après la réélection du chef de l'Etat. Sa démission est intervenue à la veille de l'examen par l'Assemblée nationale d'une motion de censure du gouvernement déposée par des députés de l'opposition mais aussi de la majorité.
Depuis des semaines, sa personnalité cristallisait les critiques, notamment sur des questions sociétales, d'influents dirigeants religieux musulmans réclamant son départ.
M. Keïta avait reçu tout au long de la semaine dernière dignitaires religieux, dirigeants politiques et représentants de la société civile, pour discuter de la situation du pays et leur remettre l'avant-projet de loi de révision constitutionnelle qui sera soumis à référendum.
Quelques jours auparavant, une manifestation avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Bamako pour dénoncer "la mauvaise gestion du pays", notamment les violences intercommunautaires dans le centre.
Depuis l'apparition en 2015 dans cette région du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs "groupes d'autodéfense".
"Désarmer les milices"
Malgré une série de visites de M. Maïga dans le centre du pays pour prêcher la réconciliation entre communautés et "désarmer les milices", ces violences se sont intensifiées.
Elles ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons.
Depuis mars 2018, les "agressions intercommunautaires" dans la région de Mopti (centre) ont fait quelque 600 morts, a indiqué le 26 mars le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH).
Dans cette région, "les activités de groupes extrémistes violents et l'intensification des violences intercommunautaires constituent les deux principales menaces pesant sur les civils", souligne dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Depuis le début de l'année, ces violences y ont fait plus de 220 morts parmi les civils, selon le rapport, rédigé avant celles d'Ogossagou.
Au lendemain de la tuerie, le gouvernement a prononcé la dissolution de l'association de chasseurs "Dan Nan Ambassagou", lui reprochant de s'être "écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées", et remplacé les principaux chefs d'état-major.
Ces limogeages faisaient également suite à une attaque jihadiste le 17 mars contre un camp de l'armée à Dioura (centre), au cours de laquelle 26 soldats ont péri, entraînant une série de manifestations de familles de militaires.
Le nouveau chef d'état-major, le général Abdoulaye Coulibaly, a entamé une tournée "sur le terrain au centre du pays", a annoncé vendredi l'armée.
Le 13 mars, des soldats venus arrêter un membre de "Dan Nan Ambassagou" à Koro (centre) en ont été empêchés par des habitants selon des témoins. Le groupe de chasseurs a démenti toute implication dans la tuerie, mais a rejeté sa dissolution et refusé de "déposer les armes".
L'association de défense des droits des populations pastorales Kisal et Tabital Pulaaku, principale association des peuls du Mali, les ont accusés d'avoir tué deux bergers près de Koro vendredi.
Lors d'une allocution radiotélévisée mardi soir, le président Keïta a assuré avoir "entendu toutes les colères, décodé tous les signaux, compris tous les messages remontant" du pays. Il a annoncé l'ouverture d'une "concertation nationale" du 23 au 28 avril avec "les forces politiques et sociales" sur le projet de révision constitutionnelle.
A LIRE AUSSI.
Mali: Deux soldats français tués par l'explosion d'une mine
Macron au Mali pour donner une nouvelle dimension à l''engagement français
Dans le centre du Nigeria, agriculteurs et éleveurs "ne peuvent plus" vivre ensemble
Un G5 Sahel pour concrétiser une force antitjihadiste, en quête de fonds
"Désarmement" d'ETA: une journée à portée (peut-être) historique
- affrontements
- antonio guterres
- apparition en 2015
- attaques jihadistes
- Bamako
- burkina faso
- déposer les armes
- député de l'opposition
- dignitaire religieux
- État-major
- groupe d'autodéfense
- keita
- mali
- mopti
- motion de censure
- nouveau premier ministre
- palais présidentiel
- projet de révision constitutionnelle
- questions sociétales
- secrétaire général de l'onu
- série de manifestations
- violences inter-communautaires
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.