Les révélations du rapport de plus de 400 pages, fruit de 22 mois d'une enquête hors norme sur l'ingérence de Moscou dans la présidentielle de 2016, ont provoqué des réactions contrastées.
Exultant, le président Trump s'est dit totalement blanchi. "Comme je l'ai toujours dit: il n'y a pas de collusion, pas d'entrave" à la justice, a tweeté le milliardaire républicain, avant d'affirmer plus tard, dans un autre tweet, que l'ingérence russe n'avait "pas changé" l'issue du scrutin présidentiel.
L'opposition démocrate a, au contraire, relevé dans le document des "preuves alarmantes" d'"actes immoraux" commis par Donald Trump, et promis d'user de tous ses pouvoirs --et notamment de son contrôle de la Chambre des représentants-- pour en savoir plus.
Dans son volumineux rapport, le procureur Mueller confirme l'existence de "nombreux liens" entre la Russie et des membres de la campagne du candidat républicain, mais estime ne pas avoir de preuves d'une quelconque collusion.
Sur le second volet de l'enquête, les soupçons d'entrave à la justice pesant sur Donald Trump, M. Mueller se montre moins définitif.
"Foutu"
Dans son rapport, il détaille une série de pressions troublantes exercées par le maître de la Maison Blanche, à commencer par le limogeage, en mai 2017, de l'ancien chef du FBI James Comey, alors en charge de l'enquête russe.
Suite au tollé provoqué par cette révocation, Robert Mueller, qui a lui aussi dirigé la police fédérale américaine, avait été nommé procureur spécial.
Son rapport révèle que M. Trump s'est dit "foutu" en apprenant sa nomination. "Oh mon Dieu. C'est terrible. C'est la fin de ma présidence", aurait confié l'ex-magnat de l'immobilier.
Afin de s'en sortir, M. Trump a alors ordonné le limogeage de Robert Mueller, mais les juristes de la Maison Blanche s'y sont opposés, révèle encore le procureur spécial.
"J'aurais pu virer tout le monde, même Mueller", s'est défendu le président dans la soirée. "J'avais le pouvoir de mettre fin à cette chasse aux sorcières", a-t-il ajouté, tout en assurant avoir "choisi de ne pas le faire".
A partir de cet épisode, Donald Trump "s'est attaqué en public à l'enquête", "a tenté de la contrôler", et a "mené des efforts en public et en privé pour encourager les témoins à ne pas coopérer", écrit encore le procureur spécial, sans se prononcer sur les suites à donner.
"Frustré"
Lors d'une conférence de presse organisée avant même la divulgation du rapport Mueller, le ministre de la Justice Bill Barr a toutefois jugé ne pas avoir matière à poursuivre M. Trump.
"Le président était frustré et en colère, sincèrement convaincu que cette enquête portait atteinte à sa présidence", a déclaré M. Barr, semblant justifier les attaques répétées du milliardaire contre certains membres de l'équipe Mueller.
"Pour autant, la Maison Blanche a pleinement coopéré avec l'enquête du procureur spécial" et le "président n'a pas agi pour (le) priver des documents et témoins nécessaires pour mener à bien son enquête", a-t-il assuré.
L'opposition démocrate a immédiatement accusé le ministre de se comporter comme "l'avocat du président".
Soucieux d'avoir une vue complète des investigations, les élus démocrates ont martelé leur demande d'avoir accès à l'intégralité du rapport Mueller. La version publiée jeudi a en effet été expurgée de nombreuses informations confidentielles.
Ils ont aussi demandé au procureur spécial de témoigner à la Chambre des représentants d'ici le 23 mai. M. Barr a dit qu'il ne s'opposerait pas à cette audition.
Dans un communiqué commun, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, ont estimé que la version publiée du rapport Mueller donnait "l'image inquiétante d'un président qui a tissé une toile de tromperie, de mensonges et de comportements incorrects et qui a agi comme si la loi ne s'appliquait pas à lui".
"Il est impératif que le reste du rapport et les documents qui s'y rattachent soient mis à la disposition du Congrès et que le procureur spécial Mueller témoigne devant les deux Chambres aussi tôt que possible", ont déclaré Mme Pelosi et M. Schumer.
Certaines voix, à la gauche du parti, ont même agité à nouveau la menace d'une destitution du président Trump. Les chefs démocrates rejettent "à ce stade" cette hypothèse risquée à l'approche de la campagne de 2020 et vouée à l'échec faute de majorité qualifiée au Congrès.
Dans ce concert de réactions, le procureur Mueller, un homme méthodique et austère, n'est pas sorti de sa réserve habituelle.
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