Ce document de 400 pages doit être rendu public dans la matinée par le ministère de la Justice, qui l'a toutefois expurgé de toute une série d'informations confidentielles.
Son contenu pourrait clore définitivement une saga politico-judiciaire qui a empoisonné les deux premières années du mandat de Donald Trump, et lui permettre de se tourner résolument vers sa campagne de réélection.
Mais l'opposition démocrate se tient à l'affût. Si le rapport contient des éléments à charge pour le président, elle usera de tous les moyens en son pouvoir, à commencer par son contrôle de la chambre basse du Congrès, pour relancer les poursuites.
A l'approche de l'échéance, le locataire de la Maison Blanche a affiché sa confiance. "Pas de collusion ! Pas d'obstruction!", a-t-il martelé, en se disant "totalement disculpé" par l'enquête du procureur Mueller.
Celui-ci, un ancien chef respecté du FBI, a bouclé en mars 22 mois d'investigations tentaculaires, ponctués par l'inculpation de 34 personnes russes et américaines, dont six proches collaborateurs du président Trump pour des malversations diverses.
Cet homme méthodique et austère, qui s'est toujours tenu à l'écart du vacarme politique et médiatique, a simplement remis son rapport final au ministre de la Justice Bill Barr, en le laissant gérer la suite des événements.
L'Attorney General a rapidement fait savoir que le procureur n'avait pas trouvé de preuve d'une "coordination ou d'une conspiration" entre la Russie et l'entourage du milliardaire républicain lors de la présidentielle de 2016.
Entrave
Dans un courrier de quatre pages adressé au Congrès, il s'est montré plus nuancé sur le second volet de l'enquête: les soupçons d'entrave à la justice.
En raison notamment du limogeage du chef du FBI James Comey en mai 2017, qui dirigeait alors l'enquête russe, Donald Trump était suspecté d'avoir abusé de ses prérogatives présidentielles pour mettre des bâtons dans les roues des enquêteurs.
Sur ce volet, "si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l'exonère pas non plus", a écrit Robert Mueller dans son rapport, des propos cités par Bill Barr qui a toutefois jugé ne pas avoir matière à poursuivre.
Les démocrates ont trouvé que le ministre, nommé récemment à ce poste par Donald Trump, allait un peu vite et veulent connaître les éléments qui ont fondé sa décision.
Des membres de l'équipe Mueller ont aussi déclaré à la presse que le résumé de Bill Barr ne reflétait pas fidèlement le résultat de leurs travaux.
Soupçonnant le ministre d'avoir édulcoré les conclusions du procureur spécial, les démocrates réclament donc d'avoir accès au rapport intégral.
Or, la version publiée jeudi sera expurgée des détails risquant de révéler les sources des enquêteurs, de nuire à la réputation d'acteurs "périphériques", de compromettre des enquêtes en cours ou obtenues par un "grand jury".
Le procureur Mueller a eu recours à ces collectifs de citoyens, dont les travaux sont protégés par des règles de stricte confidentialité, et son rapport final pourrait avoir subi de nombreuses coupes.
"Flics en colère"
Donald Trump a assuré ne pas avoir lu le rapport Mueller. Des avocats de la Maison Blanche en ont toutefois discuté avec le ministère et se tiennent prêts à réfuter rapidement les soupçons d'entrave à la justice s'ils devaient être renforcés.
Le président a d'autre part poursuivi son travail de sape d'une enquête qu'il a toujours comparée à une "chasse aux sorcières" orchestrée par des démocrates incapables de digérer leur défaite de 2016.
Mardi, il a encore repris la formule sur Twitter et critiqué des "flics en colère" lâchés à ses trousses par l'opposition.
Avant-goût des joutes à venir, celle-ci s'est offusquée mercredi soir de l'annonce d'une conférence de presse de Bill Barr jeudi à 9H30 (13H30 GMT) avant la transmission du rapport aux parlementaires.
Elle l'a accusé de vouloir conditionner les esprits avant que les Américains n'aient le temps de se forger leur opinion. Le représentant Hakeem Jeffries a appelé sur Twitter le ministre "à sortir le rapport et à se taire".
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