La cathédrale de Rouen a connu son lot de désastres. L'incendie de Notre-Dame a tout de suite rappelé à Jacques Tanguy, historien, celui qui a touché l'édifice rouennais en 1822. "J'ai sauté sur ma collection de gravures anciennes et ça m'a frappé. Le 15 septembre 1822, la foudre s'abattait sur la flèche qui a pris feu et s'est écroulée. Cela avait, à l'époque, soulevé une émotion similaire à celle qu'on voit sur Paris", explique-t-il ému.
Sur cette gravure est représenté l'effondrement de la flèche après l'incendie causé par la foudre en 1822. - Archives départementales
Des années plus tard, en 1944, quatre bombes s'abattent sur la cathédrale. Cinq des huit arcs-boutants qui soutiennent la nef sont détruits mais l'édifice reste debout et sera rouvert, douze ans plus tard.
Après les bombardements de 1944, les dégâts étaient considérables et le risque d'effondrement était fort. - Archives départementales
En 2019, aucun risque d'incendie sur la flèche, qui fait actuellement l'objet d'un chantier de rénovation jusqu'en 2022. "Elle a été reconstruite en fonte au XIXe siècle puis doublée avec de l'acier Corten", explique Thierry Garret, collaborateur de l'architecte des monuments historiques qui dirige le chantier. Elle ne peut donc pas brûler comme celle de Notre-Dame. Il n'en reste pas moins des risques importants, d'autant plus en période de travaux. "On apporte des points chauds, souvent des soudures ou des coupes de métal qui provoquent un risque supplémentaire sur le monument", explique Emmanuel Pous, conservateur régional des monuments historiques pour la direction régionale des Affaires culturelles qui a en charge la conservation et la protection de la cathédrale. Mais le spécialiste l'assure. Les dispositions ont été prises à Rouen pour prendre en compte le risque. "Le travail est fait en amont avec les pompiers pour faciliter leur mission". Des colonnes sèches qui amènent l'eau dans les combles ont été installées ainsi que plusieurs dizaines de détecteurs de fumée dans les charpentes pour que les pompiers soient prévenus au plus tôt.
Des travaux
supplémentaires ?
Par ailleurs, ils réalisent régulièrement des exercices dans l'édifice pour se l'approprier. Un plan de sauvegarde des biens culturels a aussi été élaboré pour l'évacuation des œuvres d'art les plus précieuses dans les meilleurs délais en cas d'incendie. Malgré cela, une réunion d'urgence a été organisée en préfecture, mardi 16 avril, au lendemain du drame parisien pour "s'assurer que le travail se déroule bien entre les pompiers et les services des monuments historiques", explique Emmanuel Pous.
Pour prendre des mesures supplémentaires aussi ? Possible. "On peut recouper les combles avec des murs pour empêcher la propagation trop rapide du feu", explique le conservateur. Des travaux colossaux et très coûteux mais qui pourraient bien "devenir prioritaires", vu ce qu'il s'est passé à Notre-Dame. Cela a été fait notamment à l'abbaye du Bec-Hellouin au moment de rénover les toitures. Un rapport d'un bureau de contrôle sur les installations de sécurité de la cathédrale de Rouen est attendu pour le 6 mai. Un rapport en retard, qui a poussé la dernière commission de sécurité à rendre un avis défavorable pour la cathédrale de Rouen.
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