Le collectif Union nationale Bleu et Blanc (UNAB), qui regroupe 70 mouvements d'opposition, avait déposé une demande d'autorisation pour l'organisation d'une marche un an après le déclenchement des premières manifestations le 18 avril 2018, malgré les rejets systématiques par les autorités de toutes les demandes déposées ces dernières semaines.
Le collectif a notamment invoqué le droit constitutionnel de manifester que le gouvernement s'est engagé à rétablir à l'issue des pourparlers qui se sont déroulés du 27 février au 3 avril avec la plateforme d'opposition Alliance civique pour la justice et la démocratie (ACJD) dans une nouvelle tentative de sortir de l'impasse politique.
Dans un communiqué, la police a indiqué "ne pas autoriser cette mobilisation publique" organisée par "un groupe de personnes" déjà "impliquées dans de graves troubles à l'ordre public".
Les forces de l'ordre "ont pour mission constitutionnelle de protéger la vie, l'intégrité et la sécurité des personnes et des biens", a-t-elle ajouté, mettant en garde "ceux qui prétendent détruire la paix".
L'UNAB a répliqué en diffusant une affiche sur laquelle il est écrit "la marche a lieu".
La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a appelé dans un communiqué "les autorités à prendre des mesures pour prévenir l'usage excessif de la force".
Mme Bachelet a rappelé que "plus de 300 personnes ont été tuées, 2.000 blessées, 62.000 déplacées hors du pays et plusieurs centaines privées de leur liberté" lors de la féroce vague de répression en 2018.
Cette interdiction "viole l'exercice des droits constitutionnels et l'accord" conclu lors des pourparlers avec le gouvernement, a également dénoncé l'opposante Azahalea Solis.
"Farce"
Peu avant, le gouvernement, qui s'est engagé dans le même accord à libérer la totalité des opposants incarcérés après en avoir libéré puis assigné à résidence plus de 200 pendant le processus de dialogue, a annoncé que 636 prisonniers de droits commun allaient bénéficier d'une liberté conditionnelle.
"A l'occasion de la Semaine sainte, pour promouvoir l'unité familiale, 636 personnes emprisonnées dans différents établissements pénitentiaires (...) vont bénéficier d'un régime d'assignation à résidence", a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Ce régime permet aux prisonniers condamnés à des peines de courte durée d'achever leur détention en résidence surveillée chez eux. Près de 3.000 détenus de droit commun ont déjà bénéficié de cette mesure aux cours des derniers mois.
Parmi ces prisonniers figurent toutefois 18 opposants, incarcérés pour avoir participé aux manifestations anti-gouvernementales, a indiqué à l'AFP Marlon Caldera, un membre de la plateforme Compilation des prisonniers politiques de l'opposition. Une autre ONG, le Comité Pro Libération des prisonniers politiques (CPLPP), avait évoqué plus tôt le nombre de 13 opposants, avant de le réévaluer.
Ces opposants sont considérés comme des détenus de droit commun par le gouvernement, mais leurs proches assurent qu'ils ont été arrêtés pour avoir participé aux protestations contre le pouvoir.
Selon l'opposition, environ 800 personnes ont été arrêtées depuis le début de la crise. La Commission interamiéricaine des droits de l'Homme (CIDH) évoque le chiffre de 647 et le gouvernement 350.
"Le gouvernement n'avance pas concernant la libération des autres prisonniers politiques comme il s'y est engagé" pendant le dialogue, a dénoncé dans un communiqué l'ACJD.
"La vérité, c'est que le gouvernement n'a pas la volonté de laisser sortir" ces opposants de prison, a déploré auprès de l'AFP Sara Oporta, une membre du CPLPP, qui a qualifié de "farce" la décision du gouvernement de libérer plusieurs centaines de prisonniers de droit commun, tout en maintenant en détention les opposants.
Le gouvernement et l'ACJD ont mis fin au dialogue sans avoir trouvé de consensus sur la mise en oeuvre de réformes politiques ni l'organisation d'élections anticipées.
L'opposition accuse Daniel Ortega, ex-guérillero sandiniste de 73 ans, d'avoir instauré une dictature. Elle réclame son départ et celui de la vice-présidente, son épouse Rosario Murillo. Le chef de l'Etat dénonce de son côté une tentative de putsch de l'opposition avec le soutien de l'Eglise et de Washington.
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