Présentée comme le grand tournant, voire un quitte ou double pour son quinquennat, cette allocution a été enregistrée lundi en début de soirée. Sa diffusion, programmée pour 20h00, a finalement été annulée en raison du spectaculaire incendie ayant ravagé Notre-Dame de Paris.
"L'Elysée ne confirme ni ne commente les fuites dans la presse au sujet de la sortie du grand débat national", a réagi la présidence, après la diffusion des principaux points du texte par plusieurs médias.
Dans ce texte, après cinq mois de mobilisation inédite des "gilets jaunes" et trois mois de grand débat, Emmanuel Macron promet de "fixer pour le pays un cap à 2025". "Nous poursuivrons les réformes commencées", assure le chef de l'État qui entend "conduire un projet agricole, industriel, écologique pour le XXIe siècle" mais sans annonces concrètes sur l'écologie.
Mais malgré ce maintien de cap affiché, le projet d'allocution contient plusieurs annonces significatives. A commencer par une baisse "des impôts des classes moyennes", sans plus de précisions, mais financée notamment par "la suppression de certaines niches fiscales".
Préparant, la semaine dernière, le terrain pour le chef de l'État, le Premier ministre Édouard Philippe avait évoqué l'"exaspération fiscale" comme le principal enseignement du grand débat national lancé début janvier.
Parmi les mesures en faveur du pouvoir d'achat, le texte mentionne également que la prime exceptionnelle de 1.000 euros défiscalisée et sans cotisations sociales, décidée fin décembre 2018, va être "pérennisée" et ouverte aux employeurs "chaque année".
S'agissant de l'impôt sur la fortune, le président de la République refuse comme prévu de le rétablir immédiatement mais annonce une "évaluation objective" de la réforme controversée de 2017, s'engageant sur cette base à "apporter toutes les modifications et corrections nécessaires".
A plusieurs reprises ces derniers mois, M. Macron avait laissé entendre qu'il n'entendait pas revenir sur cette réforme. Laquelle comprenait déjà une phase d'évaluation régulièrement invoquée par la majorité.
Autre terrain sensible: les retraités. Le projet d'allocution contient, pour les retraites de moins de 2.000 euros, la réindexation des retraites sur l'inflation à partir du 1er janvier 2020. Cette mesure très critiquée avait été annoncée fin août par Édouard Philippe.
Le 10 décembre, après trois semaines de crise des "gilets jaunes", M. Macron avait déjà annoncé renoncer pour 2019 à la hausse de la CSG pour ces mêmes retraites de moins de 2.000 euros.
RIC locaux et suppression de l'ENA
Le texte comporte également une série de mesures ou d'adresses à l'endroit des territoires. Emmanuel Macron explique notamment ne plus vouloir "aucune fermeture d'école et d'hôpital jusqu'à la fin du quinquennat", "sauf demande des maires".
Prenant acte que "beaucoup de nos concitoyens ont le sentiment que leur territoire est abandonné", le chef de l'État souhaite "assurer la présence des services publics" et "ouvrir un nouvel acte de notre décentralisation", notamment avec "plus de fonctionnaires sur le terrain, avec davantage de responsabilités", "et moins de fonctionnaires à Paris pour écrire des normes ou créer des règles".
Enfin, pour répondre aux demandes pressantes des "gilets jaunes" et de certaines oppositions comme La France insoumise (LFI), M. Macron se dit "favorable" à ce que des référendums d'initiative citoyenne (RIC) "puissent être organisés sur certains sujets d'intérêts locaux".
Il est en outre "favorable à ce qu'on puisse rendre plus accessible, en simplifiant les règles", le référendum d'initiative partagée (RIP), prévu par la Constitution mais extrêmement compliqué à mettre en œuvre.
Le texte prévoit qu'"une convention de 300 citoyens tirés au sort" sera installée "dès le mois prochain", en mai, chargée de "travailler à la transition écologique et aux réformes concrètes à prendre".
Le président de la République se dit enfin favorable, selon ce projet d'allocution, à la suppression de l'ENA, dont il est sorti diplômé en 2004.
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