Dès lundi soir, alors que la cathédrale brûlait encore, l'ensemble de la classe politique avait exprimé, à l'unisson d'Emmanuel Macron, "l'émotion de toute une Nation".
Mardi, prenant acte du profond bouleversement dans le pays, qu'ils partagent, les partis ont annoncé les uns après les autres une suspension ou une trêve, au moins pour 24 heures. Un geste salué par le Premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire : "C'est appréciable que notre pays parfois traversé de turbulences, quand il est confronté à des événements graves, sa(che) s'apaiser, et c'est à l'honneur de toutes les têtes de listes" aux européennes du 26 mai.
Laurent Wauquiez (LR) a annulé le meeting qu'il devait tenir mardi à Nîmes (Gard) pour le lancement officiel de sa campagne.
"Nous vivons tous collectivement ce moment comme un deuil", a déclaré François-Xavier Bellamy, la tête de liste LR, sur LCI, en saluant l'attitude responsable du personnel politique : "Que la classe politique s'émeuve d'une seule voix, c'est légitime et nécessaire, et c'est beau même".
La chef de file de la liste de la majorité présidentielle, Nathalie Loiseau, a annoncé la suspension de sa campagne "jusqu'à nouvel ordre". "Nous vivons un moment de tristesse profonde. La liste Renaissance se joint naturellement à ce moment d'union nationale", a-t-elle écrit sur Twitter.
"Les déplacements des colistiers sont annulés aujourd'hui et la grande réunion publique prévue jeudi à Marseille est reportée", a-t-on précisé de source LREM. Plusieurs membres du gouvernement y étaient attendus.
Le Rassemblement national a lui aussi annoncé la suspension de sa campagne pour "au moins 24 heures" mais en fixant un délai : "jusqu'à la prochaine prise de parole" d'Emmanuel Macron. Jordan Bardella, tête de liste du parti aux européennes, a annulé une réunion publique à Créteil mercredi.
Raphaël Glucksmann (Place publique/PS) et Ian Brossat (PCF) ont suspendu leur campagne pour 24h, ont fait savoir à l'AFP leur entourage.
"Ton juste"
Seul tête de liste avec Bellamy présent dans les matinales mardi matin, l'écologiste Yannick Jadot (EELV) a salué l'appel à une souscription d'Emmanuel Macron et le "ton juste" de son discours sur le parvis de Notre-Dame.
Il n'y aura pas de suspension de sa campagne en tant que telle car "on n'avait pas de grands meetings prévus ces prochains jours", a-t-il éludé sur Public Sénat. Il participera néanmoins ce soir à un Facebook live sur les victoires obtenues par les Verts européens, avec d'autres eurodéputés.
Benoît Hamon (Générations) a annulé un déplacement mardi mais les autres de la semaine sont maintenus, précise son entourage.
Après avoir salué le report de l'allocution d'Emmanuel Macron et appelé à "24 heures de pause politique", LFI a reporté des actions prévues sur les réseaux sociaux. Mais "les réunions publiques ce mardi soir sont a priori maintenues", a précisé Bastien Lachaud, directeur de campagne de la France insoumise, en soulignant que "la vie démocratique doit reprendre".
Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, qui a suspendu sa campagne dès lundi soir, est l'un des seuls à avoir déclaré mardi que "les Français se posent la question" de savoir "ce qui s'est passé". "Il faut savoir si c'est un accident ou si c'est un attentat", a-t-il affirmé.
Alors qu'on lui faisait remarquer que ni la justice, ni la classe politique n'ont évoqué l'hypothèse d'un attentat, il a fait valoir qu'il "ne parle pas d'attentat, mais les Parisiens qui sont massés sur les bords du pont m'ont tous dit : +vous qui avez la parole, demandez une enquête, qu'on sache ce qui s'est passé, est-ce un accident, et pourquoi un tel accident, comment tout cela peut brûler, ou est-ce que c'est plus grave ?"
Réponse du ministre de l'Intérieur sur le parvis de la cathédrale, mardi après-midi : "On n'est pas un responsable politique quand on se permet de venir ici et de lancer une petite polémique électorale", "quand on se complaît dans le complotisme".
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