Evidemment, après avoir conquis Old Trafford à l'aller (1-0), le Barça aborde cette seconde manche en position de force dans son fief inexpugnable du Camp Nou, où le capitaine Lionel Messi et ses troupes n'ont plus perdu en Europe depuis 2013 (27 victoires, 3 nuls).
Mais les Red Devils n'ont pas peur à l'extérieur, ayant déboulonné le Paris SG au Parc des Princes en huitièmes (0-2, 3-1). Et les éliminations précoces du Real Madrid et de l'Atlético sonnent comme deux avertissements: c'est la première fois depuis 2010 que la Liga ne compte qu'un seul représentant en quarts de C1. Un paradoxe alors que la finale se joue à Madrid... comme en 2010.
"Nous sommes les seuls rescapés de la Liga espagnole, ce n'est pas quelque chose d'habituel", a reconnu l'entraîneur barcelonais Ernesto Valverde, après cinq ans de lauréats 100% ibériques (quatre C1 pour le Real Madrid, une pour le Barça).
Cette saison, la puissante Premier League anglaise a qualifié quatre clubs pour le top 8 européen, une première depuis 2009. Et ses représentants se dressent sur la route du Barça: si l'équipe blaugrana dompte Manchester United, elle pourrait croiser en demi-finale Liverpool, qui a pris une nette option à l'aller face au FC Porto (2-0). La finale, plus hypothétiquement, concernera peut-être Tottenham, vainqueur de Manchester City 1-0.
Guéguerre hispano-anglaise
A l'étage du dessous, en Ligue Europa, on s'achemine sauf surprise vers des demi-finales avec deux clubs anglais (Chelsea et Arsenal) et un seul club espagnol (Valence).
"Ce n'est pas un scoop de dire que la Premier League est un championnat d'un niveau compétitif extrêmement élevé", a analysé Valverde.
Et voilà ravivée la guéguerre hispano-anglaise pour les meilleurs joueurs, les plus beaux trophées et les plus alléchants droits télévisés. Dans ce domaine, la Premier League a une longueur d'avance (environ 3,3 milliards d'euros récoltés par an, marchés domestique et étranger cumulés) par rapport à la Liga (au moins 2 milliards d'euros).
Cette force de frappe financière est l'une des raisons de la montée en puissance anglaise mais pas uniquement: de l'avis de Zinédine Zidane, il faut aussi saluer l'apport de techniciens étrangers réputés comme Pep Guardiola (Manchester City), Jürgen Klopp (Liverpool) et Mauricio Pochettino (Tottenham). José Mourinho, lui, a été remplacé sur le banc de Manchester United par Ole Gunnar Solskjaer.
Zidane pas étonné par les Anglais
"C'est un football en progression, ça ne m'étonne pas de voir les clubs anglais" à ce niveau, a estimé dimanche l'entraîneur français du Real Madrid. "Parce que les entraîneurs qui sont à la tête de ces équipes-là amènent leur nouveauté, leur savoir-faire, qui est différent. L'association peut être bonne."
Zidane, rappelé début mars pour rebâtir la "Maison blanche", assure néanmoins que les clubs espagnols ne sont pas en fin de cycle, alors que Real et Barça restent les deux clubs ayant le plus de revenus au monde, selon le cabinet Deloitte.
"Le football espagnol a toujours sa place, dès l'année prochaine", a prévenu le Français. "Je ne pense pas que le cycle espagnol soit menacé."
Un pronostic que le Barça a le devoir de confirmer mardi au Camp Nou pour atteindre sa première demi-finale depuis 2015 et effacer trois échecs consécutifs en quarts.
Sans excès de confiance: après avoir infligé une "remontada" au PSG en 2017 (0-4, 6-1), puis en avoir subi une l'an dernier à Rome (4-1, 0-3), les Catalans sont bien placés pour se méfier de Manchester United et de sa star française Paul Pogba. Et la pérennité de l'empire espagnol est en jeu.
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